Le 30 avril dernier, un plan de sauvegarde de l'emploi a été signé par la direction de Nestlé France et les syndicats de l'usine Maggi d'Itancourt dans l'Aisne. Le site va fermer fin 2020/début 2021 après des semaines de grève. Il emploie 158 personnes dans la fabrication de bouillons et de sauces.
"C'était une horreur ! Négocier un PSE via Skype, c'est difficile. On était chacun isolés dans des bureaux. C'était compliqué. Mais ce n'était pas le souhait de la direction de repousser le PSE. Et le personnel ne le souhaitait pas non plus. On n'avait qu'une hâte, c'est que tout ça se termine." Pour Christine Jacquin, représentante du syndicat Unsa sur le site Maggi d'Itancourt dans l'Aisne, le 30 avril dernier a sonné la fin de plusieurs semaines de négociations et de bataille : un plan de sauvegarde de l'emploi était enfin enteriné entre la direction du groupe Nestlé France et les syndicats.
Jusqu'à 800 salariés
Le 16 janvier, Nestlé annonçait sa décision de fermer l'usine axonaise, spécialisée dans la fabrication de potages désydratés, de sauces et de bouillons vendus sous la marque Maggi. Le groupe expliquait alors que la production de ce site avait diminué de 33% depuis 2005. "Ça plaît moins, confiait Valérie Métailler, sa directrice. Le consommateur va plus se tourner vers des produits frais, qui n'ont pas forcément besoin d'une cuisson, d'un bouillon. Ce type de produit a moins d'impact chez les jeunes." Et d'ajouter que l'usine, qui a compté jusqu'à 800 employés, était aujourd'hui surdimensionnée et avait perdu en compétitivité. Son activité devrait être délocalisée en Europe de l'Est. La seconde production du site, CPF qui produit des céréales pour le petit-déjeuner, et ses 263 salariés, ne sont pas concernés par cette fermeture.
Des reclassements dans un rayon de 50 kilomètres
Si les 158 salariés de Maggi n'ont pas réussi à faire plier la direction sur la fermeture de leur usine, ils se sont néanmoins battus pour garder leur emploi au sein du groupe. "On a signé il y a trois mois et on avance tout doucement sur les reclassements en interne, explique Christine Jacquin. Il y a environ 90 personnes à reclasser, le reste étant des fins de carrière ou des projets personnels. Il n'y aura pas de licenciement sec. Le PSE a été construit de cette manière et c'est un engagement de Nestlé. Les reclassements se feront dans un rayon de 50 kilomètres autour d'Itancourt. Donc soit à Boué [spécialisée dans la production de laits infantiles, NDLR], soit chez CPF qui est aussi à Itancourt. Et les indemnités vont être plus profitables à ceux qui restent dans l'entreprise : par exemple, la personne qui sera reclassée chez CPF aura une indemnité de 11 000 euros bruts. Ceux qui partent auront une indemnité de licenciement moins importante que celle qu'ils auraient eue s'ils étaient restés."
Des postes libérés après des départs en pré-retraite
Restent les 25 CDD et la quarantaine d'intérimaires. "Le préfet a demandé à Nestlé France de trouver des solutions pour les CDD", confie Christine Jacquin.
Mais la signature de ce PSE n'a pas ôté toute crainte aux salariés : "Ils ne voient toujours pas arriver les postes. À Boué et à CPF, ils ne sont pas encore libres. Et ils ne le seront que si les salariés qui les occupent acceptent de partir en pré-retraite, détaille Christine Jacquin. Il y a 34 personnes concernées à Boué et 17 à CPF. Ça ne fait pas les 90 personnes de Maggi. C'est parce que certains ont choisi d'aller sur d'autres sites en France comme Dieppe et Pontarlier. Pour ceux qui partent définitivement, il y a aussi un sentiment d'insécurité : les entreprises qui les avaient recrutés ont finalement fait des recrutements en interne à cause du Covid. Certains se retrouvent sans rien."