Plus de deux mois après les intempéries qui ont touché la Chapelle-sur-Chézy dans l'Aisne, une centaine de maisons n'a toujours pas de toit. Entreprises du bâtiment et fournisseurs se sont coordonnés pour éviter une pénurie de matériaux et redonner au plus vite un toit aux sinistrés.
Le nez en l'air, Jacqueline Maury regarde les couvreurs poser les tuiles sur le toit de la maison de ses voisins. Sa maison à elle est couverte depuis plus de deux mois d'une bâche en plastique sous laquelle s'engouffre parfois une rafale de vent. Jacqueline habite à La Chapelle-sur-Chézy dans l'Aisne.
Ce village a été l'un des plus touchés par les intempéries survenues dans la nuit du 19 au 20 juin derniers. Grêle, pluie, vent violent ont endommagé toutes les habitations sans aucune exception :
Deux mois et demi plus tard, 120 des 125 maisons du village sont toujours sans toiture. Déclaration aux assurances, expertises, contre-expertises... Le processus est long. "On a été les premiers à commencer dans le coin et on a du mal à voir les toitures bouger", confirme Arnaud Laplaige, gérant d'une société de construction de bâtiments.
Quantifier les besoins
Car ceux chez qui une entreprise de couverture est déjà intervenue avaient les moyens financiers d'avancer l'argent pour payer la facture. Les autres attendent et sont pressés de voir les travaux commencer à l'approche de l'hiver. "On est fatigué psychologiquement, soupire Jacqueline. Parce que le moindre bruit… Dès qu'il commence à pleuvoir, qui'il y a du vent…On vit tous dans la hantise, soit que le toit s'écroule soit qu'il y ait des dégâts plus amplifiés."
Face à la situation, entreprises du bâtiment et fournisseurs picards se sont organisés pour tenter de réduire les délais et remettre au plus vite les toitures endommagées en état. Pour cela, il a fallu faire en sorte d'accélérer la production des matériaux de reconstruction. "On a essayé de quantifier les besoins et tout de suite on s'est dit qu'on allait essayer de faire des stocks. Et puis on va essayer de produire pour devancer la demande", explique José Faucheux, artisan couvreur et président de la Capeb.
Une production à flux tendu
85% des tuiles utilisées pour réparer les toits endommagés de La Chapelle-sur-Chézy sont fabriquées dans l'Oise. Jean-Pierre Varrin est le directeur de site d'exploitation de l'usine de Saint-Germer-de-Fly. Depuis juin, il s'échine à éviter une pénurie. Pour ça, il a réservé une partie de son stock aux habitants de La Chapelle-sur-Chézy : "on a voulu aider la région pour donner une priorité aux sinistrés sur l'accès aux tuiles, explique-t-il. Donc on a décidé de réduire les arrêts d'été pour augmenter la production. Aujourd'hui, on est à la capacité maxi de l'utilisation de l'outil de production." Une production à flux d'autant plus tendue que l'entreprise cherche des salariés.
Un manque de main d'œuvre qui pose également problème chez les couvreurs : le nombre de chantiers en attente est tel qu'il est difficile d'y répondre. Au point que les professionnels estiment qu'il faudra entre 18 et 24 mois pour finir tous les travaux.