Le chloridazone, substance interdite autrefois utilisée pour la culture betteravière, se retrouve de plus en plus présent dans l'eau de certaines zones des Hauts-de-France. Après avoir placé 45 villes sous surveillance cet été, l'ARS et la préfecture de région étendent par précaution ce contrôle à 60 autres communes.
Jusqu'à fin septembre, l'agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France et la préfecture de région ont mis "sous surveillance renforcée" l'eau du robinet de 45 communes (en rouge sur la carte ci-dessous) de la région.
60 autres communes (en orange ci-dessous) rejoignent ce dispositif sanitaire cet automne, portant à 105 le nombre de villes concernées. Si le Nord est le seul département non concerné, l'Aisne représente la grande majorité de cette zone (79 communes sur 105).
Quel est le problème ?
Le souci, c'est que l'eau de ces communes présente une concentration de métabolites de chloridazone qui pourrait devenir préoccupante.
- Le chloridazone est une substance entrant dans la composition d'herbicides utilisé autrefois dans la culture de la betterave et interdite d'usage et de détention au 1er janvier 2021. Depuis cette même date, les métabolites de chloridazone font partie des 500 substances surveillées par l'ARS dans les contrôles sanitaires de l'eau.
- Les métabolites sont les molécules issues de la dégradation ou de la transformation dans l'environnement de la molécule-mère d'un pesticide, ici le chloridazone. Ses métabolites se présentent sous deux formes : la chloridazone desphényl et la chloridazone-méthyl-desphényl.
L'eau est-elle toxique ?
La présence de cette substance dans les nappes phréatiques, en quantité infime pour le moment, ne signifie pas que l'eau est toxique.
Si sa concentration dépasse 1 microgramme par litre d'eau [un microgramme est un millionième de gramme, NDRL], elle est jugée "non conforme" selon une valeur environnementale établie par l'Union européenne. C'est une valeur environnementale mais pas sanitaire : l'eau reste tout à fait consommable sans risque.
En Hauts-de-France, cette eau "non conforme" coule dans les robinets de 2 200 communes, soit 3,8 millions d'habitants. L'ARS rappelle que tout "risque pour la santé humaine associée à ces deux métabolites" a été écarté en 2007 par l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
Quelle surveillance renforcée ?
Il est tout de même nécessaire de garder ses précautions. L'agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) n'a pour le moment pas déterminé de "valeur sanitaire maximale", soit un seuil au-delà duquel l'eau ne doit plus être bue.
En attendant ce seuil, le ministère de la Santé met en place une "valeur sanitaire transitoire" : une surveillance renforcée est menée jusqu'à fin septembre dans les communes où la concentration de métabolites de chloridazone avoisine ou dépasse 3 microgrammes par litre d'eau.
- Zone rouge sur la carte (13 500 habitants) : la concentration de métabolites de chloridazone dans l'eau des 45 communes citées plus haut avoisine ce seuil. L'ARS des Hauts-de-France y réalise des analyses toutes les deux semaines de juin à fin septembre. Au cours de cette période, l'organisme "a invité les organismes responsables de la qualité de l'eau à rechercher des solutions", comme diluer davantage l'eau, afin d'abaisser sa concentration de métabolites.
- Zone orange sur la carte (45 000 habitants) : dans les 60 autres communes, les prélèvements réalisés en 2021 et 2022 révèlent une concentration de métabolites de chloridazone comprise entre 2 et 3 µg/L. Par précaution, elles vont être placées cet automne sous le même régime de surveillance que les premières.