Alors que l'Aisne perd des habitants, la ville de Château-Thierry se distingue. Elle a gagné officiellement 1065 résidents entre 2013 et 2019 selon les chiffres de l'INSEE publiés mercredi 29 décembre. Sur la même période, Saint-Quentin a perdu plus de 2000 habitants et Laon plus de 900.
Est-ce l'effet Jean de la Fontaine? 400 ans après la naissance du fabuliste, les compatriotes de l'auteur du Corbeau et du renard sont plus nombreux si l'on en croit le dernier décompte de l'Insee arrêté en 2019. Pourtant, entre 2008 et 2019, la ville avait perdu des résidents. Mais la tendance s'est désormais inversée de façon sensible.
Une évolution à contre-courant de la tendance départementale. Dans l'Aisne, Soissons est la seule ville à avoir un solde positif mais de manière beaucoup moins significative (+240 habitants).
Une ville dans l'orbite parisienne
Environ 4000 usagers l'empruntent quotidiennement : la liaison ferroviaire entre Château-Thierry et la gare Paris Est représente l'atout majeur d'une ville qui compte désormais 15 254 Castelthéodoriciens. En 50 minutes, la possibilité d'accéder à la capitale attire un grand nombre de Franciliens.
La sortie de l'autoroute A4 entre Paris et Reims complète aussi idéalement la desserte de la ville qui n'a jamais caché ses affinités avec la Champagne. Dietrich Leleux, gérant de plusieurs agences immobilières dans le sud de l'Aisne, constate l'installation de nouveaux venus des départements 93 ou 94. "En locatif, le prix moyen se situe autour de 9 euros du m2 à Château-Thierry, soit un coût bien inférieur aux prix pratiqués dans la ceinture parisienne". L'agence dispose actuellement de 16 biens vacants en location sur un total de 400 en gestion. "Un appartement en bon état ne reste pas longtemps sans locataire, l'affaire se conclut souvent dans la semaine".
Les transactions ont augmenté de 40 % avec la crise sanitaire
Fréderic CarcelleNotaire
Si les données publiées par l'Insee s'arrêtent en 2019, la tendance s'est très certainement accélérée ces derniers mois. Frédéric Carcelle, notaire à Château-Thierry, note un emballement des transactions avec la crise sanitaire, "une hausse d'environ 40 % du nombre de transactions immobilières par rapport à la situation avant COVID, mais également une augmentation de la valeur moyenne des transactions de 10 à 15% d'une année sur l'autre".
Frédéric Carcelle et Dietrich Leleux dressent le même portrait des nouveaux arrivants. Principalement des jeunes actifs avec de jeunes enfants. Signe tangible de cet apport de population, le maire de la ville, Sébastien Eugène, rappelle l'ouverture de 6 classes à la dernière rentrée à l'école du juge Magnaud. D'autres ouvertures de classes devraient suivre l'an prochain dans le quartier de la gare.
Les résidences secondaires de plus en plus nombreuses
Il faut sans doute y voir aussi une conséquence des confinements successifs : le nombre de résidences secondaires dans la cité des fables est en plein essor. Dietrich Leleux évoque un doublement voire un triplement des achats. Ce type de transaction était jusqu'à ces derniers mois marginal. Surface habitable et espaces verts sont les deux critères moteurs de ces acquisitions qui représentent 5 à 6 % des transactions enregistrées.
Autre paramètre significatif : le poids du regroupement familial, les procédures administratives étant moins longues qu'en région parisienne et les prix du locatif bien plus attractifs. Dietrich Leleux indique que depuis 5 ans, les demandes d'étrangers pour des obtentions de logements assez grands pour leur permettre d'accueillir leur famille ont très nettement augmenté. Cela peut représenter, sur certains biens comme les F2 ou F3 jusqu'à la moitié des demandes qu'il reçoit.
Préserver l'équilibre
Sébastien Eugène, lui, ne cache pas sa satisfaction de voir Château-Thierry renouer avec une croissance démographique jusque-là réservée aux communes périphériques. Il indique vouloir continuer à geler la construction de nouveaux logements sociaux qui représentent à présent 34% du parc locatif. " Les seules constructions autorisées sont désormais les accessions à la propriété, cela permet de contenir l'étalement urbain en périphérie et de concentrer les crédits sur la rénovation des logements sociaux déjà existants". Les croissance maîtrisées sont aussi les plus durables.