Xavier Bertrand lance son propre parti politique "Nous France" : retour sur le parcours d'un homme pressé

Le 1er octobre, Xavier Bertrand, président du Conseil régional des Hauts-de-France, lancera à Saint-Quentin dans l'Aisne son micro-parti, baptisé "Nous France". Cette nouvelle formation du centre-droit doit être le tremplin d'une candidature à l'élection présidentielle de 2027.

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Bertrand Cantat l'a chanté, Xavier Bertrand l'a personnifié : l'homme pressé. Alors qu'il s'apprête à réaffirmer son ambition de devenir président de la République par le lancement d'un nouveau parti, retour sur le parcours d'un assureur picard devenu ténor du centre-droit.

De la Champagne à l'Aisne

Après Quentin de la Tour, personne n'est plus identifié à la ville de Saint-Quentin que lui. C'est pourtant à Châlons-sur-Marne [aujourd'hui Châlons-en-Champagne, NDLR], près de Reims, que voit le jour Xavier René Louis Bertrand le

Mais c'est dans son fief de l'Aisne que grandit ce fils d'une employée et d'un cadre de banque. Alors que la jeunesse de France est massivement séduite par le mitterrandisme triomphant du début des années 1980, Xavier Bertrand n'a d'yeux que pour Jacques Chirac. À la présidentielle de 1981, encore trop jeune pour voter, il avait déjà préféré le maire de Paris à Valéry Giscard d'Estaing. Dès 1982, il s'engage auprès des Jeunes du RPR.

Son baccalauréat en poche, Xavier Bertrand s'inscrit en droit à l'université de Reims, dont il sort diplômé d'une maîtrise en droit public et d'un DESS en administration locale. Ses études ne l'éloignent pas de sa passion pour la politique. À seulement 22 ans, il tape dans l'œil de Jacques Braconnier, sénateur-maire RPR de Saint-Quentin, dont il devient l'assistant parlementaire pendant cinq ans.

"Monsieur retraites"

Agent général d'assurance à partir de 1992, Xavier Bertrand prend de l'importance dans les années suivantes au sein de la droite axonaise. À 33 ans, il est nommé secrétaire départemental du RPR par le secrétaire national Philippe Séguin. Le gaulliste social a besoin de responsables jeunes pour rénover un mouvement en plein doute suite à la déroute électorale lors des législatives de 1997.

En 2002, la donne change. Le président de la République Jacques Chirac est réélu. Xavier Bertrand entre à l'Assemblée nationale au sein de l'Union pour la majorité présidentielle, une nouvelle coalition des partis du centre et de la droite. L'UMP devient finalement un parti présidé par Alain Juppé.

L'ancien Premier ministre fait alors du Saint-Quentinois son "Monsieur retraites". Sa mission : faire le tour des fédérations UMP, afin d'expliquer aux militants la réforme des retraites. Il organise soixante-dix réunions publiques sur ce thème et rencontre de nombreux représentants syndicaux. En trois mois, Xavier Bertrand se forge l'image d'un homme de dialogue.

Dans l'équipe de Sarkozy

L'ascension rapide du jeune député de l'Aisne continue. Le 31 mars 2004, à la faveur d'un remaniement ministériel, il entre au gouvernement Raffarin III comme secrétaire d'État à l'Assurance maladie. Une institution qu'il doit réformer. Il ne lui faut que quatre mois pour voir son projet voté par le Parlement : de nouveaux dispositifs entrent en vigueur, comme l'euro de franchise sur chaque acte médical ou le "médecin traitant" déclaré par le patient.

Un succès qui lui permet à 40 ans d'obtenir le ministère de la Santé et des Solidarités dans le gouvernement de Dominique de Villepin.

En 2007, le chiraquien se place sans difficulté dans la roue de Nicolas Sarkozy, dont il devient le porte-parole pendant la campagne présidentielle. Bonne pioche : le nouveau champion de la droite entre à l'Élysée.

Ministre de Fillon

Les années qui suivent sont riches. Ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé, Xavier Bertrand occupe entre décembre 2008 et novembre 2010 les fonctions de secrétaire général de l'UMP. Le Picard sait se montrer indispensable pour régler les problèmes de son camp.

En 2012, s'il parvient d'extrême justesse à conserver son mandat de député, c'est sur les bancs de l'opposition qu'il siège désormais, dans une ambiance morose. La droite se déchire entre copéistes et fillonistes. Xavier Bertrand se range parmi ces derniers : mauvaise pioche cette fois, Jean-François Copé remporte la présidence de l'UMP.

C'est dans ce contexte que son ambition personnelle prend le dessus. Dès le mois de novembre, il confirme qu'il participera à la primaire de la droite et du centre en vue du choix du candidat pour la présidentielle de 2017.

À son compte

Xavier Bertrand met en place La Manufacture, un club de réflexion destiné à porter son projet : "Je pense aujourd'hui que je peux incarner une méthode et une ambition différentes des autres candidats dont on parle aujourd'hui", déclare-t-il le 13 octobre 2013 au Grand Jury Europe 1/Le Monde/i-Télé, en évoquant les candidatures de Nicolas Sarkozy et de François Fillon.

Le chiraquien n'hésite pas à muscler son jeu libéral, défendant une réforme du service public fondée sur la fin du statut de fonctionnaire pour les missions non régaliennes et le recentrage de l'État sur ses missions essentielles.

Malgré toute cette bonne volonté, la candidature ne suscite pas un grand enthousiasme. Début 2015, une réunion à Paris avec son cercle le plus proche entérine un virement à 180 degrés. Xavier Bertrand, convaincu par Gérald Darmanin, se lance finalement dans la campagne des régionales dans la nouvelle région Nord-Pas de Calais - Picardie : un match de poids lourds face à la présidente du Front national [Rassemblement national depuis 2018, NDLR] Marine Le Pen. L'objectif est double : lui donner une posture de rempart face à l'extrême droite et faire de la région un laboratoire de sa politique.

À la tête des Hauts-de-France

Le 13 décembre 2015, la droite remporte 116 des 170 sièges du Conseil régional, contre 54 pour les élus du Front national. Son pari lui permet même de s'offrir le scalp de la gauche qui disparaît de l'assemblée.

Faisant de sa présidence de la région une priorité, Xavier Bertrand démissionne de ses mandats de maire de Saint-Quentin (mais reste président du conseil d'agglomération) et de député de l'Aisne.

Loin de Paris (officiellement), le Picard assiste à la rocambolesque campagne de 2017, qui voit François Fillon brillamment éliminer Nicolas Sarkozy et Alain Juppé lors de la primaire avant d'exploser en vol trois mois avant le scrutin.

Au second tour, Xavier Bertrand soutient officiellement Emmanuel Macron pour faire barrage à Marine Le Pen et critique son ancien parti qui s'y refuse. Ses rapports avec Les Républicains ne s'améliorent pas : il rend sa carte, après l'élection à la présidence du parti de Laurent Wauquiez, tenant d'une ligne très à droite.

Ambitions élyséennes

Sans parti, Xavier Bertrand cherche une voie médiane entre Emmanuel Macron chez qui il perçoit "une tentation thatchérienne" et Laurent Wauquiez. Sur l’économie, sa priorité est la réindustrialisation, nécessaire, selon lui, pour l'emploi et l'aménagement du territoire. Il fait d'ailleurs de ce dernier mot le pilier de son projet pour l'élection présidentielle : la "République des territoires" pour "laisser respirer et débloquer la société" en faisant sauter le "verrou centralisateur parisien".

Parti très tôt en campagne, il sait que ses finances ne lui permettront pas de tenir jusqu'au bout et espère que les autres éventuels candidats s'inclineront devant sa candidature. Le coup de bluff ne fonctionne pas. Xavier Bertrand se voit dans l'obligation de participer à une primaire, dont le résultat est une douche froide : il n'est que quatrième du premier tour, derrière l'ancien commissaire européen Michel Barnier. Les militants LR ne lui ont visiblement pas pardonné d'avoir quitté le parti avec fracas quatre ans plus tôt.

Retour chez Les Républicains

La suite est connue : avec seulement 4,8% des suffrages exprimés au premier tour de l'élection présidentielle d'avril 2022, la candidate de la droite, Valérie Pécresse, réalise le pire résultat de sa famille politique. Xavier Bertrand sonne la révolte pour les législatives : "Nous sommes toujours debout, nous sommes toujours vivants et nous entendons bien le rester dans l'indépendance".

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Député, conseiller général de l'Aisne, maire de Saint-Quentin, président du conseil régional des Hauts-de-France et ambition présidentielle... Voici le parcours de Xavier Bertrand. ©Gaëlle Fauquembergue

Le miracle n'a pas lieu. Avec 64 députés LR élus, le parti de droite sauve tout de même les meubles et se retrouve en position d’arbitre à l’Assemblée nationale. Mais quatre mois plus tard, Xavier Bertrand n'est pas candidat à la présidence du parti. Il fait le choix d'un nouveau mouvement baptisé "Nous France" qu'il lancera officiellement chez lui à Saint-Quentin le samedi 1er octobre.

Une nouvelle fois, en homme pressé, il s'engage le premier dans la course vers 2027. Mais, à l'image d'Edouard Philippe, Bruno Lemaire, Laurent Wauquiez ou encore Eric Ciotti, les concurrents potentiels sont déjà nombreux sur la ligne de départ.

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