Un peu plus de 60 ans après l'armistice du 22 juin 1940, notre journaliste Jean-Paul Delance s'est intéressé au parcours d'Adolf Hitler dans l'Aisne et aux raisons très personnelles qui l'ont poussé à s'arrêter dans notre région avant de se rendre à Paris.
Pour un passionné d’Histoire comme moi, difficile de s’y retrouver dans l’agenda d’Adolf Hitler en cette fin du mois de Juin 1940. Une certitude, le Führer est venu dans l’Aisne, des photographies en attestent. Essayons d’y voir plus clair.
Commençons par le seul épisode indiscutable. Hitler est en Picardie le 21 juin, non pas dans l’Aisne mais dans l’Oise. Il est présent dans la clairière de Rethondes pour assister sans prendre la parole aux débuts des négociations de l’armistice demandée par la France, écrasée militairement après plus d’un mois de combats.
Pour les jours qui suivent c’est un peu plus compliqué. Beaucoup de gens ont sans doute en mémoire les images du chancelier allemand visitant à l’aurore un Paris déserté. Généralement les historiens datent cet événement au 23 juin mais tous ne sont pas d’accord et certains avancent la date du 28.
Le 25 serait donc la date possible de sa visite dans l’Aisne. Quelques photographies ont immortalisé ce court périple axonais. Mais que vient donc faire Hitler dans ce département qui n’a plus d’intérêt stratégique après la fin des hostilités ? Et bien tout simplement, il vient remonter le temps.
Blessé de guerre en Picardie
Le Führer a participé à la Première Guerre mondiale. Bien que d’origine autrichienne, il s’engage comme volontaire dans un régiment bavarois. Blessé une première fois au court de la bataille de la Somme en octobre 1916, on le retrouve stationné en Champagne en Avril 1918 dans la région de Dormans, en bordure du département de l’Aisne. C’est au court de ce mois qu’il aurait été à nouveau blessé sans doute très légèrement mais j’avoue n’avoir jamais trouvé aucune précision concernant cet épisode.En convalescence on l’envoie dans deux villages des environs de Laon, Lizy et Coucy-les-Bucy. Fin Juin 1940 c’est donc pour en quelque sorte un "pèlerinage" que le chancelier allemand revient dans ce petit coin de Picardie.
Des souvenirs de la Grande Guerre
C’est en train qu’il arrive à Laon. Une automobile arrive à la gare pour l’emmener visiter la cathédrale. Accompagné d’officiers il se rend ensuite à Lizy puis à Coucy-les-Bucy où il visite la ferme d’André Tiéfaine, un ensemble architecturale qui se distingue par la présence dans la cour d’une très belle tour carrée toujours visible de nos jours.22 ans auparavant c’est là qu’il était venu se reposer. Il en a manifestement gardé un bon souvenir. Que s’est-il passé ensuite ? Jusqu’à présent je n’avais aucune indication mais un article récent paru dans le journal L’Union donne peut être un élément de réponse. En effet le quotidien a publié des photos inédites montrant Hitler devant la cathédrale de Reims. Elles appartiennent au fond photographique de la bibliothèque de Munich qui n’a jamais pu les dater précisément mais les situent fin juin. Est-il alors déraisonnable de penser qu’après son passage dans l’Aisne, le chef du IIIe Reich ait poussé dans la soirée jusqu’à Reims, géographiquement assez proche pour le moment ? Le mystère reste entier...
Pour conclure et tenter d’être complet quant aux événements de cette tragique année 1940, il m’apparaît important de préciser qu’Adolf Hitler revient le 24 décembre en Picardie cette fois-ci dans la région d’Abbeville. Il est reçu au château de Bonance près de Port-le-Grand, quartier général de l’escadron de chasse N26.
Ce jour-là, il est question d’étudier la création d’un groupe de bombardement, une unité qui serai chargée d’intensifier la guerre aérienne contre l’Angleterre. Le soir, c’est encore au château qu’a lieu le dîner du Réveillon. Après s’être reposé dans la maison Bouvaist rue de l’Ermitage, le chancelier repart dans la matinée du jour de Noël.