Le Haricot de Soissons reconnu Indication Géographique Protégée : "c'est une satisfaction d'avoir fait notre travail correctement"

Déposée en juin 2020 auprès de l'INAO, la demande de reconnaissance "Indication géographique protégée" du Haricot de Soissons vient d'être annoncée, ce vendredi 2 juin 2023, par la Commission européenne. Une nouvelle qui réjouit les producteurs et qui donne davantage de visibilité à ce patrimoine culinaire de l'Aisne.

La nouvelle vest tombée ce vendredi 2 juin et a été accueillie avec grand enthousiasme par les producteurs de la région et du département de l'Aisne. Le Haricot de Soissons vient d'être officiellement reconnu en tant qu'Indication géographique protégée (IGP).

L'IGP est un label européen qui désigne "un produit dont les caractéristiques sont liées au lieu géographique dans lequel se déroule au moins sa production, son élaboration ou sa transformation", indique le ministère de l'Economie sur son site internet

L'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) ajoute que cette protection à l'échelle européenne offre une reconnaissance qui "valorise les pratiques développées au fil des siècles par les producteurs locaux". 

Un haricot en voie de disparition il y a plus de 20 ans

Du côté des producteurs, le chemin vers cette labellisation a débuté il y a plus de 20 ans, quand le Haricot de Soissons était en voie de disparition "alors qu'il a eu ses heures de gloire vers la fin du 19e siècle et entre les deux guerres", lance Didier Cassemiche, président de l'Association des producteurs de haricots de Soissons. 

Au moment où la culture de ce haricot a été relancée - vers 2003 - avec la collaboration d'un certain nombre d'organisations (telles que la Chambre d'agriculture de l'Aisne ou encore la Confrérie gastronomique du Haricot de Soissons), il ne restait que deux à trois producteurs dans la Vallée de l'Ailette. 

"Tout de suite a été émise l'idée d'entrer dans un processus de produits de qualité" et d'obtenir un label. "Depuis 2003, on est passé par des hauts et des bas. On avait des cabinets de conseil pour nous aider. Il y a eu des phases d'euphorie, des phases de déception" qui ont amené à se demander s'il fallait abandonner  "ce processus" de labellisation... jusqu'au moment où ils ont "pu bénéficier de services de la Région, lié à la fusion des régions". 

En effet, l'organisme Qualimentaire, situé à Saint-André-les-Lille (Nord), spécialisé dans la labellisation des produits agricoles et financé par le Conseil régional, est intervenu. "On est tombé sur des professionnels avec leur réseau, leur façon de faire, de travailler", poursuit Didier Cassemiche. C'est ce qui a "bien facilité les choses et nous a redonné du baume au coeur. Ils nous ont briefé et managé".  

Un groupe de travail pour élaborer le cahier des charges

Un groupe de travail avec six producteurs a été constitué pour élaborer le cahier des charges demandé par l'INAO. "Le cahier des charges élaboré n'a été que la retranscription écrite de la pratique qu'on avait adopté, ça ne nous avait pas bouleversé mais il fallait l'écrire de façon compréhensible pour tout le monde", abonde-t-il. 

Pour nous qui sommes agriculteurs, ça a été un excellent exercice. On ne côtoie pas forcément ce monde-là (conseil régional, INAO...). Ce n'est pas forcément notre quotidien.  

Didier Cassemiche, président de l'association des producteurs des haricots de Soissons

L'examen du dossier au niveau national a été validé après un jeu de navettes entre les agriculteurs et l'INAO qui l'a finalement "porté au niveau de la commission européenne", quand tout était clair. Le défi était "que tous ces lecteurs-là aient la même compréhension du texte", pour saisir le savoir-faire, le travail sérieux et l'implication mise dans la qualité et dans la production du Haricot de Soissons. 

Une visibilité pour le produit et la région

Par ailleurs, l’organisme qui a géré et défendu l'obtention de l’IGP, "c’est l’Association des producteurs des haricots de Soissons", qui regroupe les producteurs "qu'ils soient au sein de la coopérative agricole ou que ce soit des indépendants". L'objectif de l’association que préside Didier Cassemiche est "de fédérer tous ces ensembles-là et de mettre en place la certification pour que vive notre label IGP". Ce travail de certification et de reconnaissance est, à ses yeux, une victoire collective. 

Géraldine Toupet, présidente de la Coopérative agricole du Haricot de Soissons, a aussi tenu à exprimer sa joie sur Facebook. "Un grand bravo et un grand merci à l'ensemble des producteurs qui ont oeuvré pour aboutir à cette reconnaissance sur notre territoire", a-t-elle écrit sur le réseau social. 

Pour Didier Cassemiche, cette protection à l'échelle européenne n'est pas un "ouf" de soulagement "mais une satisfaction d'avoir fait notre travail correctement". C'est aussi une victoire pour la visibilité du produit mais aussi celle "de notre territoire". Il remarque également que "les politiques du département sont sensibles" à cette IGP.

Un produit qui s'est bien adapté à la région

L'Aisne est connu et reconnu depuis le 18ème siècle pour sa production de haricots secs. Si de nombreuses espèces étaient cultivées par les producteurs, seul le Haricot de Soissons est resté. "C'est un haricot très rustique dans sa conduite qui a le mieux résisté aux aléas de la culture", précise Didier Cassemiche. Sa subsistance est le fruit d'une "sélection naturelle de ce produit, qui s’est bien adapté à notre région". 

Pour l'anecdote, Didier Cassemiche note que le haricot tient son appellation "de Soissons", non pas parce qu'il y était cultivé - la culture avait lieu entre Laon et Soissons à l'époque -, mais parce qu'il y était chargé. C'est pourquoi, aux yeux "des Parisiens", le haricot est devenu celui de Soissons. 

D'ailleurs, pour le reconnaitre, il faut faire attention "à son gros grain en forme de rein et sa couleur blanche ou ivoire", note l'INAO sur son site internet. Avant la dégustation, il a besoin d'un "trempage de 12h. Tendreté et fondant seront alors au rendez-vous". 

Selon les données de l'INAO, en 2021, 11 hectares ont été cultivés par 19 producteurs (17 adhérents à une coopérative et deux producteurs indépendants). Quant au rendement moyen, il est "situé entre 2 et 2,5 tonnes par hectare" d'après les derniers chiffres qui datent de 2019.

Une célébration aura lieu le 3 juillet prochain à Soissons. Le programme final reste à définir. On sait d'ores et déjà qu'il y aura un point historique sur ce haricot au "savoir-faire ancestral" ou encore un temps de dégustation. 

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