Le club de natation synchronisée de Soissons fête ses 50 ans. Madeleine Bernavon l’a créé en 1968… et à 85 ans, sa passion n’a pas pris une ride.
C’est un personnage, Mado. Son sourire permanent et ses yeux qui pétillent en disent long sur sa bienveillance et sa joie de vivre. À 85 ans, elle n’en revient pas de fêter le cinquantième anniversaire du club de natation artistique qu’elle a elle-même créé, à une époque où cette discipline commençait à peine à exister au niveau international. « Je les ai pas vu passer, les 50 ans ! », confie-t-elle.
Des centaines de nageuses sont passés par son club. Elle se souvient encore de presque toutes « ses filles », qu’elle appelle aussi ses « petites ». C’est avec un mélange fierté et d’émotion qu’elle nous a d’ailleurs montré les photos de ses premières « petites », plus si petites que ça puisqu’elles ont aujourd’hui… plus de 60 ans ! « J’aurais jamais imaginé que je serais encore là 50 ans après, et que je serais encore passionnée ! »
Pas nageuse, mais juge internationale
Le plus surprenant, c’est que Mado n’a jamais nagé ! « J’ai un problème d’oreille, il ne faut pas que j’aie de l’eau dans les oreilles », admet-elle en riant. Mais elle a épousé un entraîneur de natation sportive, alors… Elle a allié cette discipline à sa propre passion : la gymnastique. En 1967, elle rencontre une coach de ballet nautique. Mado a alors un coup de foudre pour la discipline et décide fonder le club.
Au fur et à mesure, elle se forme pour devenir monitrice puis juge régionale. Elle grimpe les échelons jusqu’à devenir juge internationale. En 1988, c’est la consécration : elle est désignée par la fédération internationale pour être juge aux Jeux Olympiques de Séoul. Elle fera ensuite ceux de Barcelone, d’Atlanta et de Sydney. « Les JO, c’est extraordinaire ! Mon Dieu, qu’il me prête vie jusqu’en 2024, pour voir les Jeux à Paris quand même ! »
Entre les Jeux et les championnats du monde, Mado a presque fait le tour de la planète, de l’Équateur au Japon. Pas facile alors de rester impliquée à 100% dans son club axonnais. Mais elle n’a jamais abandonné ses petites. D’autant que le club de Soissons a dû relever plusieurs défis : manque de visibilité, manque de moyens… Et la distance avec les grandes villes : arrivées à l’âge adulte, les nageuses ont tendance à partir à Paris pour leurs études, et n’ont plus le temps de s’entraîner de manière intensive pour faire de la compétition.
Toujours présente
Cela n’a pas empêché les coupes et les médailles de s’entasser dans le bureau du club au fil du temps. Une fierté pour Mado, qui a vu les évolutions de la discipline, avec des acrobaties de plus en plus impressionnantes et des prestations de plus en plus techniques.
Aujourd’hui, Mado ne manque pas un événement du club, et passe encore une tête de temps en temps aux entraînements. Une chance pour les nageuses : avec son œil de juge internationale, elle leur donne toujours de précieux conseils, avec la bienveillance et la tendresse d’une mamie.