À Amiens et à Lille, les associations luttent contre la précarité menstruelle

C’est un sujet encore tabou mais qui concerne pourtant plus d’un million et demi de femmes en France : l’accès aux protections hygiénique n’est pas encore garantie à toutes.
 

Serviettes jetables ou lavables, tampons, cups, culottes menstruelles : le panel de protections hygiéniques est de plus en plus large. Pourtant, de nombreuses femmes se trouvent encore en situation de précarité menstruelle, c’est-à-dire qu’elles manquent de protection.

Si les dons de nourriture sont monnaie courante dans les associations de lutte contre la précarité, le don de protections hygiéniques n’est pas si habituel. Pour pallier ce problème, les jeunes d’Unis-Cité (une association qui propose des services civiques) organisent dans plusieurs villes de France une collecte depuis le mois de janvier. À Amiens, des cartons ont été déposés dans des lieux clés, comme la mairie, la maison des associations ou encore à l’Agoraé, épicerie solidaire pour les étudiants.

La collecte « Sang% solidiaire » se termine à une date symbolique : le 8 mars, journée mondiale des droits des femmes. En deux mois, plus de 200 serviettes ont été récoltées, mais aussi des tampons et des cups. Elles seront données à différentes associations, comme la Croix Rouge ou encore la Passerelle, centre d’hébergement pour sans-abri.

Les sans-abri ont aussi leurs règles

Car les femmes dans la rue sont parmi les plus touchées par la précarité menstruelle. Si on parle souvent des risques d'agression, on oublie parfois qu'elles manquent  aussi de protections périodiques, et d’endroits pour en changer dans des conditions d’hygiène acceptables. « Il y a un cruel manque d’espace intime pour se changer, se laver, il n’y a pas toujours de toilettes accessibles, qui soient propres et gratuites », déplore Véronique Otchoumou, responsable du réseau « De la rue au logement » au Restos du cœur.

L’association achète elle-même des stocks de serviettes hygiéniques pour les distribuer aux femmes, sur demande, même si le sujet n’est pas toujours facile à aborder. « Il peut y avoir une honte, sans oublier que parfois, les femmes se masculinisent dans la rue, elles se camouflent en homme pour se protéger des agressions, alors il n’est pas toujours évident de reconnaître une femme. », explique-t-elle. « Ça doit passer par de la confiance, du dialogue et de la régularité dans les rencontres. Et on leur donne discrètement, à l’écart, pas devant tout le monde. »

Lever les tabous

Pour les femmes qui sont issues d’une culture où les règles sont encore plus taboues, il faut prendre davantage de temps. « Pour libérer la parole, on veut créer des lieux dédiés uniquement aux femmes, sans hommes et sans enfants, un accueil de jour où elles peuvent parler entre elles, se rencontrer, se laver et se procurer le nécessaire. » Pour l’instant, le seul lieu de ce type est à Nantes, mais l’association espère développer le concept.

Pour s’approvisionner, les Restos du Cœur comptent également sur les dons. « Lors des collectes, on demande ce type de produits. On a aussi des partenariats avec des associations de femmes, comme à Lille. Elles font des collectes et nous les donnent. »
 

La galère des étudiantes

Dans la capitale régionale d’ailleurs, l’Université a également décidé de jouer son rôle dans la lutte contre la précarité menstruelle, en distribuant gratuitement des kits hygiéniques sur les campus. Car les étudiantes sont touchées de plein fouet par ce phénomène. À l’heure ou 1 étudiant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté, les dépenses de santé et d’hygiène ne font pas parties des priorités. « Les protections, c’est un budget. Si les étudiantes viennent chez nous pour manger, c’est que les serviettes, c’est secondaire. », précise Véronique Otchoumou. « Et pourtant, c’est tellement indispensable, de pouvoir se protéger pendant ses règles… »

Ce week-end, les Restos du Cœur organisent leur grande collecte pour la campagne d’été. Alors pourquoi pas donner, cette année, en plus des habitulles conserves, une boîte de tampons ?
 
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