Le corps présenté à la famille de Justine Moulin, tuée le 13 novembre alors qu'elle dînait au Petit Cambodge, n'était pas le bon. La mère de cette victime nordiste des attentats de Paris a raconté l'effroyable méprise au journal le Monde.
Justine Moulin vivait chez sa mère à Paris mais rendait souvent visite à ses grands-parents à Nieppe, d'où ses parents sont originaires.Elle est l'une des 130 victimes des attentats du 13 novembre, fauchée sur la terrasse du Petit Cambodge où elle dînait avec une amie.
Un mois et demie après sa mort, sa mère Isabelle Moulin a décidé de révéler au journal Le Monde le double drame vécu par cette famille nordiste. Celui de la mort de Justine le 13 novembre, puis celui d'apprendre cinq jours plus tard que le corps présenté n'était pas le bon.
La famille s'est recueillie devant la dpouille d'une autre victime des attentats
Après avoir passé la nuit à tenter d'obtenir des informations auprès du numéro d'urgence mis en place pour les familles des victimes, l'un des frères de la jeune femme de 23 ans reçoit la confirmation qu'elle se trouve "entre la vie et la mort" à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, touchée d'une balle dans la tête.Arrivés sur place, les deux frères et le père de Justine apprennent sa mort et le fait que son visage est méconnaissable
Ils se recueillent pendant deux heures sur sa dépouille, sa mère n'en a pas eu la force.
Des informations contradictoires pendant cinq jours
Dans l'organisation des obsèques et le souhait de pouvoir "reconstruire" le visage de sa fille, Isabelle Moulin est informée dans les jours suivants que le corps doit être transféré à l'Institut médico légal.Mais les informations reçues auprès de la cellule d'aide aux victimes installée par le Quai d'Orsay à l'hôpital militaire se contredisent d'un jour sur l'autre, le corps étant toujours à la morgue le mardi, alors qu'il était censé être à l'IML dès le lundi.
Puis le mercredi, soit cinq jours après les attentats, Isabelle va finir par apprendre qu'une erreur d'identification a été commise. Le corps de Justine est à l'IML depuis le vendredi soir. La jeune femme n'a pas été touchée à la tête mais au ventre.
L'indignation de la famille de Justine
Un choc et une profonde indignation pour la famille, une colère sourde pour les frères et le père de Justine Moulin qui se sont recueillis devant une autre victime des attentats.L'incompréhension est d'autant plus forte que le sac de Justine, restitué à la famille le 7 décembre, contenait sa carte de transports Navigo, avec sa photo. Ce qui aurait dû permettre déviter toute confusion.