Attentats de Paris : la "filière de Molenbeek" au coeur de l'enquête

Un an après la neutralisation d'une cellule jihadiste à Verviers, dans l'est de la Belgique, qui fomentait une opération préfigurant les attentats de Paris, la piste de la filière belge de Molenbeek dans la préparation et l'exécution des attaques du 13 novembre se confirme chaque jour un peu plus.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le 15 janvier 2015 à 17H46, une quinzaine de membres lourdement armés de la Direction des Unités Spéciales (DSU) investissent une maison de la rue de la Colline, dans le centre de la ville wallonne proche de la frontière allemande, en criant "Police, Police!" et en lançant des grenades assourdissantes. Ils essuient immédiatement un tir nourri d'armes automatiques. "Il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah. Mahomet est son prophète. Allah Akbar (Dieu est grand!)", lancent les hommes retranchés, selon un rapport de police cité par le quotidien flamand De Standaard.

Ce seront les derniers mots de Soufiane Amghar, 26 ans, et Khalid Ben Larbi, 23 ans, qui meurent sous les balles. Un troisième homme, Marouane El Bali, enjambe une fenêtre à l'arrière de la maison et est cueilli par les forces de l'ordre. Les deux jihadistes tués, qui selon les écoutes s'apprêtaient à frapper des policiers ou des commissariats, étaient originaires de Molenbeek, commune bruxelloise à forte population immigrée.


Molenbeek, point de départ

Tout comme Abdelhamid Abaaoud et les frères Abdeslam, qui joueront un rôle central dans les attaques de Paris. C'est aussi à Molenbeek qu'a séjourné, chez sa soeur, Ayoub El Khazzani, l'auteur de l'attaque en août du Thalys Amsterdam-Paris. Vendredi, le parquet fédéral belge a confirmé l'identité de l'homme qui s'est fait exploser dans l'appartement de Saint-Denis, en banlieue parisienne, lors de l'assaut policier du 18 novembre au cours duquel Abaaoud et sa cousine Hasna Aitboulahcen ont également trouvé la mort.

Là encore, il s'agit d'un habitant de Molenbeek, le Belgo-Marocain de 25 ans Chakib Akrouh. Filmé aux côtés d'Abaaoud dans le métro parisien le 13 novembre à 22H14, son ADN a été retrouvé sur une kalachnikov utilisée par le commando des terrasses, qui a assassiné 39 personnes dans des bars et restaurants parisiens. Les enquêteurs pensent donc qu'Akrouh est, avec Abaaoud et Brahim Abdeslam, qui s'est fait exploser devant le Comptoir Voltaire, le troisième membre de ce groupe. Brahim est le frère de Salah, soupçonné d'avoir convoyé les kamikazes au Stade de France et qui est toujours en fuite.


Une leçon pour les jihadistes

Chakib Akrouh était parti en janvier 2013 de Bruxelles pour la Turquie. "L'enquête avait ensuite démontré sa présence en Syrie, où il avait rejoint les rangs de la katiba (unité combattante) Al-Muhajirin, puis l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL)", devenu Etat islamique (EI), selon le parquet.

Présenté par un proche, cité par le journal Le Soir, comme un "garçon discret, effacé, presque introverti", Chakib Akrouh avait été condamné en juillet par contumace à cinq ans d'emprisonnement lors du procès à Bruxelles d'une importante filière syrienne qui avait vu Abaaoud écoper, lui aussi en son absence, d'une peine de 20 ans.

Amghar et Ben Larbi, les deux hommes tués à Verviers, avaient également rejoint la Syrie, en avril 2014, avant de rentrer clandestinement en Belgique
et de se cacher rue de la Colline début janvier 2015. Malgré les consignes de discrétion extrême de leur mentor Abdelhammid Abaaoud, leur planque était sous écoutes, ce qui a permis leur neutralisation et probablement d'empêcher un bain de sang.

Salué comme un succès par les autorités belges, le coup de filet de Verviers a cependant servi de leçon à Abaaoud. Pour préparer les attaques de Paris, lui et ses complices n'ont plus utilisé une seule cachette, mais trois - à Schaerbeek (Bruxelles), Charleroi (sud) et Auvelais (sud) - et redoublé
de prudence dans leurs communications.

Abaaoud, que l'on pensait en Syrie ou en Grèce, a réussi à passer sous les radars des polices européennes et à rejoindre la Belgique, profitant du soutien de membres de la mouvance islamo-délinquante de Molenbeek, tel Mohamed Abrini, soupçonné d'avoir participé aux repérages. Des individus issus du même milieu apporteront leur aide à la cavale de Salah Abdeslam en le ramenant à Bruxelles le lendemain des attaques, où sa piste s'achève...
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information