Deux membres présumés de la cellule jihadiste ayant frappé la France et la Belgique en 2015 et 2016, Sofien Ayari et Ali El Haddad Asufi, ont été mis en examen mercredi à Paris, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
Détenus en Belgique, ils ont été brièvement remis à la France pour être mis en examen, notamment pour "complicités" d'assassinats, de tentatives d'assassinats et de séquestration "en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste", dans l'enquête sur les attentats du 13 novembre 2015, a précisé cette source.
Au total, une quinzaine de suspects sont mis en examen ou visés par un mandat d'arrêt dans cette enquête tentaculaire, que les juges d'instruction antiterroristes parisiens espèrent boucler en 2019.
Déjà inculpé en Belgique pour les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles (32 morts), Sofien Ayari était le coprévenu de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos jihadistes du 13-Novembre, dans le procès qui s'est tenu en février pour la fusillade avec des policiers survenue le 15 mars 2016 dans la capitale belge, trois jours avant leur arrestation. Tous deux avaient été condamnés à 20 ans de prison.
L'ADN de ce Tunisien de 25 ans a été retrouvé dans plusieurs planques ayant servi à la préparation des attentats de Paris et Saint-Denis (130 morts). Les enquêteurs le soupçonnent d'avoir voulu commettre ou préparer un attentat à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol parallèlement aux attaques parisiennes.
Le 13 novembre, Sofien Ayari était à Amsterdam avec un complice, Osama Krayem, pris en charge comme lui par Salah Abdeslam sur la route des migrants au début de l'automne 2015 et également mis en examen dans ce dossier.
Sofien Ayari s'était rendu en Syrie "fin 2014" pour rejoindre l'organisation Etat islamique, qui a revendiqué les attentats du 13-Novembre et du 22-Mars, afin, a-t-il expliqué à son procès en février, de venir en aide aux populations locales. Il était ensuite revenu en Europe en septembre 2015.
Ali El Haddad Asufi, 34 ans, est lui incarcéré en Belgique depuis son inculpation en juin 2016 dans l'enquête sur les attentats jihadistes de Bruxelles. Il est soupçonné par les enquêteurs d'avoir été "de façon récurrente" en contact avec les membres de la cellule jihadiste franco-belge. Les investigations montrent notamment qu'il a fréquenté des planques utilisées pour préparer ces attaques. Le suspect a en particulier été en contact à plusieurs reprises avec Ibrahim El Bakraoui, qui s'est fait exploser à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem le 22 mars 2016.
Les deux hommes se seraient rendus ensemble en juillet 2015 en Grèce - pays par lequel ont transité plusieurs membres de la cellule de retour de Syrie dont Abdelhamid Abaaoud -, puis aux Pays-Bas le 7 novembre 2015.