Une semaine après la détection d'un foyer de coronavirus dans une grosse usine belge d'AB InBev, la production y était toujours bloquée ce jeudi et le conflit avec les syndicats "dans l'impasse", a déploré la direction du géant brassicole belgo-brésilien.
En solidarité avec le site de Jupille-sur-Meuse (Wallonie), où une dizaine de cas de Covid-19 ont été identifiés, les salariés des usines flamandes de Louvain et Hoegaarden ont été appelés par des responsables syndicaux à observer un arrêt de travail ce jeudi.
Les syndicats FGTB (socialiste) et ACV (chrétien) reprochent à la direction de "considérer la production plus importante que la sécurité et la santé de ses employés". La direction s'est défendue en assurant que la situation sanitaire était sous contrôle à Jupille, une campagne de dépistage ayant débouché sur "148 tests négatifs".
A l'usine de Jupille (750 salariés), où le conflit a éclaté le 3 septembre, la FGTB exige le départ de la directrice des ressources humaines et du conseiller en prévention, auxquels il est reproché d'avoir mal anticipé les mesures anti-coronavirus. "On ne peut pas faire marche arrière, on veut des réponses sur ce qui s'est passé", a affirmé Patrick Rehan, secrétaire régional de la FGTB-alimentation.
Un salarié "dans un état critique"
Parmi les onze salariés testés positifs, deux ont dû être hospitalisés dont l'un est toujours "dans un état critique", ajouté le responsable syndical, assurant que sur le site wallon "le blocage (de la production) continue".De son côté la direction a dénoncé "une situation agressive" à Jupille, où des salariés désireux de travailler seraient empêchés de le faire par la FGTB. Après une décision de justice ayant permis en début de semaine la levée des véhicules qui bloquaient les entrées, des piquets ont été maintenus et "plusieurs personnes ont reçu de graves menaces de la part du syndicat", a fustigé AB InBev dans un communiqué, parlant aussi de "sabotage".
M. Rehan a démenti ces accusations, assurant de son côté que la direction cherchait à "intimider" les responsables syndicaux en recourant à un huissier pour constater les blocages. AB InBev a reconnu que "pour la première fois dans l'histoire de l'entreprise, le brasseur ne voit pas d'autre choix que (...) de faire exécuter des astreintes".
"Afin de sortir de l'impasse, AB InBev a demandé un audit supplémentaire à l'Inspection du bien-être au travail", a aussi dit le groupe. Quant aux actions de solidarité sur les sites de Louvain et Hoegaarden, leur impact serait limité. "Il n'y a pas de blocages", a-t-on assuré de même source.