Belgique : la ville de Tournai veut détruire un pont médiéval classé pour faire passer des bateaux plus grands

Un projet qui s'inscrit dans le cadre du canal Seine-Nord.

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L'un des emblèmes médiévaux de la ville de Tournai risque de bientôt disparaître. Le projet contesté de modernisation du pont des Trous, qui enjambe l'Escaut à la frontière belge, a franchi une nouvelle étape après que le conseil municipal a voté, le 28 janvier, sa destruction.

De quoi s'agit-il ? Le pont des Trous est un édifice datant du XIIIsiècle (1281 pour la tour de la rive gauche, 1304 pour la tour de la rive droite), qui servait à la défense de la ville. Il fait même partie, précise Le Figaro, des trois derniers ponts militaires au monde.
 


Le pont tel qu'on le voit aujourd'hui n'est toutefois pas le même qu'autrefois : son arche centrale avait été dynamitée au cours de la Seconde guerre mondiale et, à sa reconstruction, il avait été surélevé de près de deux mètres et demies.

Une hauteur qui n'est visiblement plus suffisante : depuis 2015, le projet de transformation du pont prend forme, exigé selon ses défenseurs par le projet de canal Seine Nord-Europe. Le pont, pourtant, est classé au patrimoine culturel immobilier de la Wallonie, et la destruction du site prévue pour la fin 2019 pourrait menacer l'inscription de la ville de Tournai à l'Unesco.

Le projet ne passe pas, pour les défenseurs du patrimoine et une pétition a été mise en ligne, rassemblant 11 500 signatures.
 

Un nouveau pont controversé

"Ce que n'a pas fait la Seconde guerre mondiale, les autorités belges vont le faire : on va détruire un pont du XIIIe siècle pour faire passer des bateaux de gros tonnage" a ironisé le directeur du musée La Fontaine à Château-Thierry (Aisne).
 
D'autant plus que le design du pont proposé aux Tournaisiens ne convainc pas. Ces derniers sont consultés le 25 octobre 2015 sur le choix du matériau : pierre ou résille, et choisisse le premier (à 79%). Ainsi, le projet ne ressemblera pas exactement à celui qui était montré sur la consultation populaire. 
 
Pourtant, les opposants au projet interprètent ce vote comme le signe d'un attache des Tournaisiens à leur histoire. "9000 citoyens ont choisi l’option pierre. Ils ont démontré leur attachement à une histoire, un matériau... On se rend compte que le nouveau projet porté par la ville dénature l’édifice et ne répond pas aux attentes démocratiquement exprimées par les Tournaisiens" confiait à la RTBF Pierre-Emmanuel Lenfant, se définissant comme porte-parole d’une opposition citoyenne.

 

"L’enjeu financier et économique est réel pour la région"

Pour les partisans de la destruction, c'est pourtant l'enjeu économique qui prime. "Aujourd’hui on parle de 6 à 7 millions de marchandises par an, l'objectif est d’augmenter le tonnage de 50 % dans les 10-15 prochaines années. L’enjeu financier et économique est réel pour la région" défendait en 2016 le responsable de la direction générale des voies hydrauliques Christophe Vanmuysen, toujours auprès de la RTBF.
 
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