À l'appel du collectif national "Inter-urgences", les soignants des hôpitaux sont en grève depuis la mi-juin pour protester contre la détérioration de leurs conditions de travail. En Picardie, quels sont les hôpitaux et les services qui participent à se mouvement social ?
Les hôpitaux picards, comme de nombreux en France, sont touchés par la grève nationale des soignants des services d'urgences. Ici, certains salariés se sont déclarés grévistes dès janvier ou début juillet, après l'appel du collectif Inter-urgences.
Plusieurs hôpitaux picards mobilisés
"Nous sommes en grève depuis le 2 juillet et jusqu'au 15 septembre," rapporte Laurence Marsol, déléguée syndicale à l'hôpital de Chauny (Aisne), où 100% des soignants sont en grève. Parmi ceux qui nous ont répondu, seuls les hôpitaux du Crotoy, d'Abbeville et d'Albert ne se déclarent pas touchés par le mouvement social. À Amiens, ce sont les régulateurs des urgences, les personnels chargés de réaliser les diagnostics des patients, qui se sont déclarés grévistes (voir sujet en fin d'article).Vous retrouverez toutes les informations concernant les hôpitaux picards dans la carte ci-dessous.
Peu de changements
Qu'importe l'hôpital en grève, tous déplorent une détérioration de leurs conditions de travail, à cause du manque de personnel par rapport à l'activité de l'établissement et du manque d'investissements dans le matériel et les locaux."Un hôpital à Chauny, on en a besoin comme partout en milieu rural. Mais on manque de personnel, on n'a pas assez de lits, on a des locaux plutôt vétustes. (...) Malheureusement, les priorités du gouvernement semblent ailleurs que dans les soins. On voudrait faire bouger les choses," poursuit Laurence Marsol.
À Château-Thierry, les murs ne sont plus assez grands pour l'activité. "Les locaux datent de 1983, lorsque nous avions 10 000 passages aux urgences. Aujourd'hui, on en a 26 000 ! raconte M. Gaudier, délégué syndical au CH de la Champagne picarde. L'ARS nous a accordé une enveloppe de 2 millions d'euros dédiée à "l'humanisation et la sécurité" du lieu de travail. Mais la direction ne veut pas entendre parler d'une extension".
"On fait un métier humain, donc tout gréviste déclaré est réquisitionné," ajoute Hervé Huguet, délégué syndical au centre hospitalier de Saint-Quentin (Aisne). "On se doit de soigner, on affiche seulement qu'on est en grève sur les blouses, afin d'alerter la direction, la population, les élus."
Mais depuis juin, peu de changements sont intervenus. "La direction ne nous entend pas, déplore Hervé Huguet. On est en plein plan économique, on vise le retour à l'équilibre, donc on essait de réaliser des économies sur le personnel. (...) On n'a qu'un médecin urgentiste à Saint-Quentin, il n'est pas surhumain !"
Reprise du mouvement à la rentrée
Le service des urgences de Creil, mobilisé depuis le 31 janvier, est l'un des premiers à s'être mis en grève à l'échelle nationale. Il compte actuellement 90 % de grévistes. "L'été est une période compliquée, souligne Loïc Pen, ancien directeur des urgences de Creil. Avec un tiers du personnel en vacances, on n'a pas pu organiser beaucoup d'actions."Mais la rentrée pourrait être chaude. Une assemblée générale devrait se tenir le 10 septembre à Paris, suivie d'une action le 11, organisée par la CGT. Les urgentistes ne semblent pas satisfaits des mesures proposées par Agnès Buzyn, la ministre de la santé. Et ils entendent bien le faire savoir.