C'est une "bonne nouvelle", malgré l'annonce "du jour pour le lendemain" : les résidents des EHPAD vont pouvoir à nouveau recevoir de manière encadrée leurs proches dans les établissements qui les hébergent. Au compte-gouttes, dans un premier temps. Sur le terrain comment cela va-t-il s'organiser ?
Dimanche 19 avril, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé un retour "très encadré" des visites dans les Ehpad à partir de ce lundi 20 avril. Le ministre a indiqué des précisions sanitaires sur cette nouvelle mesure qui a pour but de "soulager" les résidents, leurs familles, et les aidants qui savent très bien ce qu'est "la valeur d'un regard d'une personne aimante". Ces précisions, les voici : pas plus de deux personnes par famille, pas de contact, juste un contact visuel, toutes les familles ne pourront être accueillies en même temps.Comment cette nouvelle est-elle accueillie dans les EHPAD des Hauts de France, et comment va-t-elle se mettre en place ? Pour Vanessa Leprince, directrice générale d'Alliance Ehpad qui gère trois établissements de respectivement 100, 58 et 64 résidents dans l'Arrageois, la nouvelle n'a pas vraiment surpris puisque le déconfinement a déjà été un peu anticipé. Mais, l'annonce d'hier pour ce lundi précipite les choses.
"Parloirs ?"
"Cela fait une semaine qu'on réfléchit à la façon de réintroduire les visites. On avait imaginé des espèces de parloirs avec des plexiglass. Nous avons acheté le matériel mais cette solution n'est pas encore adéquate car cela va être frustrant de ne pas pouvoir, au moins, se tenir la main. L'utilisation de gants va être envisagée", explique Vanessa Leprince qui imagine qu'un résident pourrait être visité une heure, un jour de la semaine déterminé, avec des gants et des masques. "Mais attention également aux résidents malades d'Alzheimer... Avec eux, les gestes barrières sont difficilement mis en place".Une chose est sûre, cela ne pourra pas être tout le monde en même temps, assure la directrice générale : "Avant le confinement, nous avions déjà filtré avec l'identification de deux jours par semaine, une heure l'après-midi, prise de température à l'entrée, mais je peux dire que cela ne va pas se mettre en place du jour au lendemain. Il faut qu'on ait le temps de se retourner" prévient Vanessa Leprince qui s'attendait, ce matin, à recevoir des dizaines d'appels de familles. À Lille, c'est déjà le cas à la résidence Edilys de la rue Meurein, où l'on nous explique que "le directeur reçoit plein d'appels de familles, rappelez plus tard".
Dans un autre Ehpad lillois, Notre Dame des Anges, on estime tout comme l'association des directeurs d'EHPAD que la décision est très "encourageante". Anne-Sophie Duverlie, responsable adjointe, parle d'une "bonne décision pour les résidents : le risque sera supplémentaire, mais les mesures vont dans le bon sens. On sent que l'état d'esprit général était un peu atteint, même si dans notre établissement qui compte 62 résidents, les personnes sont très dépendantes et on mesurait, malheureusement assez mal, l'impact du confinement sur le mental".
Ici pas de cas de Covid-19, mais plusieurs cas de personnes malades d'Alzheimer qui déambulent dans les couloirs. "On gère comme on peut, on les sépare, on les éloigne les uns des autres mais c'est difficile. Pour ce qui concerne les visites, ce sera sur rendez-vous, une heure maximum dans une grande salle proche de l'entrée. L'aîné et son proche seront séparés par deux tables, les mains désinfectées et des masques seront fournis."