Coronavirus : un traitement anti-viral bientôt ? Le Dr Dubuisson, de l'Institut Pasteur, fait le point sur la recherche

À l’institut Pasteur de Lille, le Docteur Jean Dubuisson, responsable de l’équipe virologie moléculaire et cellulaire, cherche un traitement contre le Sars-Cov 2
 

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Le Dr Jean Dubuisson, responsable de l’équipe « Virologie moléculaire et cellulaire », pilote une étude de l’Institut Pasteur de Lille sur le coronavirus Covid-19. Objectif : identifier des molécules qui pourraient servir de traitement contre ce virus qui concentre toute l'attention. Plus précisément, son équipe essaie de trouver des molécules permettant de limiter l'effet du virus, avant le fameux orage cytokinique. Il se montre optimiste mais prudent.
 

Depuis quand travaillez-vous sur la recherche d’un traitement sur le coronavirus ?


Mon équipe et moi-même avons commencé par travailler sur les virus de l’hépatite C et E. Avant de bifurquer il y a sept ans sur l’étude des coronavirus. Une décision prise après l’émergence du Mers, en péninsule arabique, un coronavirus hautement pathogène. Il y a eu deux cas d’infection au CHU de Lille. En outre, nous pensions que d’autres virus semblables allaient émerger dans le futur. Dans nos laboratoires, nous essayons de comprendre comment le virus rentre dans la cellule. Nous travaillons aussi sur l’identification de nouveaux antiviraux.
 

Comment vous-êtes vous organisés pour travailler sur le Sars-Cov 2 / Covid-19 ?


Assez rapidement, au début de la pandémie, nous avons créé une task-force à l’institut Pasteur de Lille, qui regroupe d’autres unités de recherche, notamment les chimistes de l’unité de Benoit Déprez. L’objectif : faire un criblage de chimiothèques de molécules, des médicaments utilisés pour d’autres pathologies mais connus aussi pour leur activité antivirale. Ces molécules pourraient rapidement être utilisées si elles se révélaient efficaces dans un essai clinique. Pas besoin d’évaluer en effet leur toxicité puisque ce sont des molécules couramment utilisées en médecine humaine. C’est ce qu’on appelle du repositionnement moléculaire.

 


Concrètement, comment se déroulent vos recherches ?


Nous travaillons directement sur le virus infectieux, dans un laboratoire de confinement de niveau 3. Les conditions de manipulation du virus sont très strictes pour éviter toute contamination : nous portons des masques avec des filtres FFP 2 ou des scaphandres qui sont nécessaires lorsqu’on travaille avec de grandes quantités de virus. 

La start-up lilloise Apteeus sur le campus de Pasteur nous prépare des plaques sur lesquelles se retrouvent les différentes molécules-medicaments à tester; puis nos robots prennent le relais pour les mettre en contact avec le virus. Tout est automatisé dans cette partie du travail.

Nos recherches concernent la première phase de la maladie, avant l’orage cytokinique la phase virale du Covid-19. Notre objectif est de trouver des antiviraux c’est-à-dire des molécules qui vont bloquer la multiplication du virus dans les cellules humaines. Pour éviter la phase inflammatoire qui peut suivre et l’entrée des patients en réanimation.

 

Quels sont les résultats ?


Nous avons réalisé un premier criblage sur un peu moins de 2000 molécules. Entre 50 et 100 molécules ont une activité potentiellement antivirale. Puis, parmi elles, nous avons fait un tri pour arriver sur une petite dizaine de molécules plus intéressantes, plus performantes. Dans les semaines qui viennent, nous allons continuer à travailler sur elles et tester des combinaisons.

Au départ, ce ne sont pas des molécules qui ont été optimisées pour avoir une activité anti-virale, elles ne seront donc pas très performantes pour lutter contre les virus. Mais l’idée des chimistes c’est que si on a une combinaison qui pourrait avoir un effet synergique, nous pourrions réduire les concentrations de molécules à utiliser pour le traitement du patient. 

Actuellement nous travaillons sur des cellules de reins de singes. Parce que le coronavirus s’y multiplie facilement. La semaine prochaine, nous allons appliquer nos découvertes sur des cellules de l’arbre respiratoire humain, du nez aux poumons pour les valider. Il y a toujours un risque comme ces deux types de cellules sont éloignés pour qu’un effet antiviral sur l’une ne se vérifie pas sur l’autre.

 

Alors, un traitement peut-il être trouvé rapidement  ?


On espère d’ici le début de l’été un premier essai clinique. Le temps de cet essai ? Ça dépend du recrutement des patients. Et s’il y a moins de malades, ce que tout le monde souhaite, ça prendra plus de temps...


 
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