Les enquêteurs ont commencé mardi à livrer devant les assises du Pas-de-Calais à Saint-Omer le récit des sévices commis par quatre personnes accusées d'avoir torturé et séquestré leur colocataire entre février et septembre 2012.
En septembre 2012, Carole, 40 ans, arrive au commissariat de Boulogne-sur-Mer, exténuée, "recroquevillée" et marquée au visage, a relaté mardi matin à la barre le policier en charge de l'enquête préliminaire, au deuxième jour de ce procès.
Elle dit avoir réussi à s'échapper du grenier d'un appartement situé au troisième étage d'une maison de ville, dans lequel elle était confinée depuis février par ses colocataires : Fabrice, 32 ans, sa compagne Cindy, dix ans de moins, son neveu Christopher et une amie, Nadège.
Une heure et demie d'audition ne suffira pas à faire émerger l'ampleur des tortures subies, que l'enquête mettra au jour : brûlures à l'acide ou à l'aide d'essence, dent arrachée avec une pince, coups de marteau sur la main, coups répétés lui cassant les côtes et lui abîmant l'oreille, obligation de manger des excréments, etc. Ses tortionnaires auraient profité de la vulnérabilité de Carole, en dépression à la suite d'un deuil et dont l'enfant venait d'être placé.
Sombre passé des accusés
La première journée, lundi, avait permis d'entrevoir le contexte social et psychologique de ces tortures de groupe, pour lesquelles les accusés - dont aucun ne souffre de pathologie mentale - encourent 30 ans de réclusion criminelle, sauf l'une d'entre eux, Nadège, poursuivie pour de simples coups, et qui encourt cinq ans.Fabrice, notamment, considéré comme le meneur de la bande, petit dernier d'une fratrie de 11, a été placé à l'âge de six mois pour être protégé de l'alcoolisme de ses parents, a vu une mère qu'il a peu connue terrassée par la cirrhose, et est devenu délinquant et alcoolique sous l'influence de ses frères.
Son influence sur son neveu, Christopher - témoin des disputes violentes et régulières de ses parents alcooliques - ainsi que sur sa compagne - jeune et soumise, violée à 15 ans - semble décisive dans les événements. Ceux-ci devraient être détaillés mardi après-midi lors du récit du reste de l'enquête, avant une confrontation entre accusés et victime prévue mercredi.