Il y a dix ans, des dizaines de producteurs en colère déversaient plusieurs centaines de tonnes de lait dans les champs. Une action choc pour protester contre la chute des prix. Aujourd’hui, comment se porte la filière dans la région ?
Au deuxième trimestre 2009, les 1 000 litres de lait étaient fixés à 240€, soit 30% de moins que l’année précédente. Un prix trop peu élevé pour les producteurs. La Fédération Nationale des Producteurs de Lait (FNPL) réclamait 305€.
Une chute des prix liée à la fois à une baisse de la consommation et des exportations, mais aussi à un contexte de réforme de la Politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne dans le secteur laitier.
Rappel des faits
2004 : la commission européenne décide de supprimer les quotas laitiers en 2015, après les avoir relevés de 1% par an pendant 5 ans. Les producteurs de lait redoutaient une dérégulation de la production laitière européenne à terme, avec le risque d’une chute des prix.2008 : les producteurs de lait de l’Union européenne marquent leur désaccord avec la politique de la Commission européenne. Ils revendiquent des prix équitables.
Mai 2009 : Après de nombreuses tentatives de négociations avec les industriels, les producteurs constatent l’échec des discussions. Les manifestations prennent de l’ampleur.
5 juin : La FNPL arrache un accord pour un prix de base de 280 €/1 000 l. Cet accord est considéré comme une trahison par un grand nombre de producteurs, qui perdent confiance en la Fédération.
10 septembre : c’est le début de la grève du lait, lancée par l’Association des producteurs de lait indépendants (Apli) et de l’Organisation des producteurs de lait (OPL). Elle est suivie par 9 syndicats européens. La FNSEA s’oppose fermement à l’action. 40 000 producteurs à travers l’UE refusent de livrer leur lait aux laiteries, organisent des dons aux consommateurs et épandent leur production dans les champs. La grève durera 15 jours.
Octobre 2009 : la Commission européenne annonce la création d'un « fonds laitier » d'urgence doté de 280 millions d'euros.
Dix ans après, comment se porte le secteur du lait en Picardie ?
Depuis la fin des quotas en 2015, la filière est en reconstruction.Aujourd'hui le lait est payé aux producteurs 344€/1000 litres. Soit 104€ de plus qu’il y a dix ans. Mais pour vivre décemment, l’interprofession propose 400€ pour 1000 litres, la coordination 450€.
Dans la région les producteurs de lait représentent 27% des agriculteurs du territoire. Ils produisent 6% du lait français.