Jamais les détenus, en France, n’avaient pu voter en étant en prison. Ce mardi, des bureaux de vote ont été installés dans les maisons d'arrêt, comme par exemple à Lille-Sequedin.
Voter en prison. Le dispositif est inédit. Pour la première fois, tous les détenus français peuvent voter directement depuis leur lieu d'incarcération. A Lille-Sequedin, 20 femmes se sont inscrites sur les listes.
Un isoloir, les 34 programmes bien visibles, des enveloppes... La pièce a des allures de bureau de vote ordinaire. Et trois membres de la commission électorale sont venus s'assurer du bon déroulement des opérations. "On vérifie qu'effectivement c'est conforme au code électoral, la disposition des lieux et que tout se passe de manière conforme à la loi", explique Caroline Azar, présidente suppléante de la Commission électorale.
"Il se sentent valorisés en tant que citoyens."
Avant, pour voter, il fallait pour les détenus, demander une permission de sortie ou une procuration. Résultat : seul 1% à 5% de la population carcérale exerçait son droit de vote. Sur 800 détenus de la maison d'arrêt de Sequedin, 56 ont souhaité participer à ces élections européennes.
Un débat a également été organisé au sein de l'établissement pour informer sur l'Europe et les différentes listes. "Moi en fait, je vote au pif", reconnaît quand même une détenue. "Pour moi, l'Europe c'est très important, analyse une autre. Je pense que c'est même plus important que voter pour le Président qui ne va pas pouvoir faire grand-chose. Tout se décide là-bas."
"On sent que certaines personnes ont l'habitude de voter, affirme Olivia Garcia, directrice du service pénitentiaire d'insertion et de probation. D'autres personnes sont un peu perdues, en regardant les flyers, même le passage par les isoloirs. Pour certains, c'est une première. Mais tout le monde exprime un sentiment de gratitude. Ils se sentent valorisés en tant que citoyens."
Les opérations de vote anticipé dans les prisons se terminent ce mercredi. Les enveloppes seront ensuite acheminées de manière sécurisée à Paris avant le dépouillement de dimanche. Environ 5000 détenus vont pouvoir voter de cette manière pour les élections européennes. Cette première expérience de vote en prison fera l'objet d'une évaluation mais devrait être reconduite pour les prochains scrutins.