247 communes concernées dans le Nord et le Pas de Calais sont concernées par le 2ème tour des élections municipales interrompues par le confinement et qui aura lieu le 28 juin prochain. On recense une dizaine de points chauds.
Marly, Lille, Bailleul...
79 voix d'écart au soir du 15 mars 2020, dans une commune de plus de 12 000 habitants. Le duel gauche-droite qui s'annonce à Marly constitue l'un des points chauds du deuxième tour des élections municipales, le 28 juin prochain. On a l'habitude. Les scores serrés, c'est la grande spécialité de cette ville voisine de Valenciennes. Fabien Thiémé, maire communiste décédé en décembre dernier, avait échoué de 160 voix en 1995 et de 58 voix en 2001, avant de l'emporter à sa troisième tentative en 2008. Ce deuxième tour, il va donc opposer celui qui a succédé à Fabien Thiémé - Jérôme Léman - à Jean-Noël Verfaillie.
Ce trentenaire qui se revendique de la "Droite modérée", engagé dès l'adolescence en politique, estime être en mesure de faire basculer la ville. "Clairement, dit-il, l'ombre de Fabien a plané sur ce premier tour. L'équipe sortante a beaucoup évoqué le souvenir de l'ami, du frère disparu, dont elle promet de continuer le travail. Et c'est vrai qu'elle a fait de très bons scores dans les secteurs où l'ancien maire était profondément ancré. Mais notre équipe, elle, s'est beaucoup investie sur le terrain, pour aider, durant le confinement. Et ce sera l'une des clés de ce deuxième tour : la façon dont les uns et les autres ont géré la crise du Covid."
L'autre clé, avec l'abstention, c'est la manière dont a été utilisé le temps anormalement long entre le premier et le second tour. Habituellement, c'est la précipitation. Les résultats des élections municipales tombent le Dimanche soir vers 20 heures. Et tout de suite, les tractations commencent pour tenter de se rapprocher, se réconcilier, s'unir, éventuellement fusionner. On ne fait pas dans le détail. Les délais sont courts. On négocie jour et nuit. On est obligé dans l'urgence de faire des concessions. Et le mardi, les listes sont déposées en Préfecture, avant le vote du dimanche suivant.
Cette fois, les candidats ont eu au moins 70 jours pour réfléchir et se jauger, pour se rapprocher ou se fâcher. A Marly, Jean-Noël Verfaillie semble avoir utilisé ce temps pour patiemment monter une liste d'union face au maire sortant. C'est l'inverse à Lille, où tout le monde s'est empoigné allègrement avec tout le monde. Deux mois de pugilat pour soudainement voir Martine Aubry - quelques heures seulement après l'annonce de la date du 28 juin - appeler au rassemblement...
Lille fera donc sans doute partie des points chauds, en fonction des alliances (ou pas) entre les listes qualifiées : Martine Aubry (PS), Stéphane Baly (EELV) et Violette Spillebout (LREM) ; et celles autorisées à fusionner (LR et LFI). Du suspense, il y en aura également à Bailleul, Hautmont, Douai et Bruay-la-Buissière.
Bailleul
A Bailleul, c'est l'embouteillage et la confusion. En voilà un exemple de ville ayant mis à profit ces deux mois de confinement pour s'enfoncer dans une crise municipale. Fin avril, Marc Deneuche, le maire sortant (DVD) a la bonne idée d'annoncer le doublement du taux communal de la taxe foncière sur le bâti, pour faire face aux difficultés futures du tissu économique local. Levée de boucliers. Le 30 avril, Marc Deneuche est mis en minorité par sa propre majorité et son budget retoqué. Le second tour est explosif. Cinq listes peuvent se maintenir, dont celle d'Anthony Gautier, ancien adjoint de Martine Aubry à Lille et arbitre international de football, arrivé en tête du premier tour (26,7%).
Hautmont
A Hautmont, la saga Wilmotte entre avec fracas dans sa quatrième décennie ! Joël (LR), le père, est élu en 1989. Condamné à un an d'inéligibilité, il passe la main à son fils Stéphane (DVD) entre 2015 et 2016, avant de reprendre fermement sa mairie. Mais Stéphane se rebiffe. Joël s'accroche. Le 15 mars au soir, le père vire en tête (46,7%), le fiston collé dans sa roue (37,4%). Le mois de juin s'annonce sanglant.
Douai
A Douai, point d'esclandre ! Dans la Cité de Gayant, tenue par le très policé Jacques Vernier (LR) durant trente ans, on a appris à se tenir en public. Le tout aussi policé Frédéric Chéreau (PS) avait pris la ville en 2014. Mais six ans plus tard, il n'a pas su profiter de cette fameuse prime aux sortants qui a tant bénéficié aux maires en place : il ne récolte que 35% des suffrages, face à la jeune Coline Craye (Divers Centre) et au Rassemblement National (16,4%). Rien n'est joué.
Bruay-la-Buissière
Enfin, dans le Pas de Calais, Bruay-la-Buissière capte tous les regards. C'est le dernier espoir, pour le Rassemblement National, de sauver ces élections municipales. Steeve Briois est réélu triomphalement à Hénin-Beaumont (74%), mais le parti de Marine Le Pen n'a pas réussi à faire tâche d'huile. Lens et de nombreuses villes du Bassin Minier étaient dans son viseur, ainsi que Calais et Denain. C'est raté. Là où le RN approchait les 50% aux élections européennes, le recul est brutal. A Liévin, par exemple, il passe de 48 à 16%.
Mais Bruay-la-Buissière est un cas. Durant de longs mois, deux élus socialistes s'y sont livrés une guerre fratricide : Olivier Switaj, le maire sortant de Bruay, et Bernard Cailliau, le maire délégué de la commune associée de Labuissière. Le 28 juin, si les deux frères ennemis n'ont pas réussi à ramener le calme et la raison au sein de leurs troupes respectives, c'est bien Ludovic Pajot qui pourrait l'emporter. Le jeune député RN de la 10ème circonscription du Pas de Calais était arrivé en tête du premier tour (38,5%).
Roubaix, Villeneuve d'Ascq, Wasquehal...
A Roubaix, le maire sortant Guillaume Delbar (DVD) est arrivé très largement en tête ; il ne parait pas inquiété par une gauche incapable de s'entendre.
A Villeneuve d'Ascq, Gérard Caudron (DVG), 75 ans, maire depuis 1977, devrait pouvoir entamer en juin son 7ème mandat de maire !
A Wasquehal, Stéphanie Ducret (DVD) rate de peu la réélection dès le premier tour ; elle ne parait pas menacée.
Idem à Armentières où le maire sortant Bernard Haesebroek (PS) réalise un score décevant - 37,59% des suffrages - mais dispose d'une réserve de voix importante à gauche. Suspense modéré aussi au Touquet, où Daniel Fasquelle (LR) dispose lui d'une réserve importante à droite ou à Maubeuge où le centriste Arnaud Decagny a 20 points d'avance sur l'ancien maire socialiste Rémy Pauvros.