Gilets jaunes : combien de radars sont encore en état de flasher dans le Nord et le Pas-de-Calais ?

La crise des gilets jaunes a entraîné de nombreuses dégradations sur des radars. 

Radar fixes, radars discriminants... Il y a environ 70 radars dans le Nord et le Pas-de-Calais. Vous l'avez sans doute constaté si vous roulez dans ces deux départements : la plupart sont hors-service. A Lesquin, Gavrelle, Boulogne-sur-mer, Coudekerque... Tagués, brûlés, endommagés, recouverts de gilets jaunes... Mais aussi de rose : le mouvement a démarré dès l'été dernier.

Nous avons essayé de savoir combien exactement sont encore en service actuellement. D'abord par la voie officielle. "On ne communique pas sur ce sujet, nous a répondu la Délégation à la sécurité et à la circulation routières (DSCR). On ne veut pas créer de surenchère."

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a finalement brisé l'omerta ce jeudi : "Près de 60% des radars ont été neutralisés, attaqués, détruits
par celles et ceux qui se revendiquent de ce mouvement"
, a-t-il déclaré. Soit près de 2.000 des 3.200 radars fixes déployés sur les routes (dont 2500 pour contrôler la vitesse). Un chiffre national mais qui semble être en-dessous de la réalité régionale.
 

1 à 5


Nous avons donc cherché à vérifier un par un les radars présents sur les routes et autoroutes de la région. Grâce aux trajets de nos journalistes, aux réseaux sociaux...

Bilan : nous n'en avons trouvé que 1 à 5 encore en activité ce mardi (dont celui d'Annezin dans le Pas-de-Calais tout récemment remis en marche). Les autres ne sont pas en mesure de flasher. Depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Il est désormais possible de faire des trajets Dunkerque-Boulogne ou Lille-Maubeuge sans risquer l'amende.

 
Seule une poignée de radars encore en état de marche dans le Nord et le Pas-de-Calais

Des 66 radars du Nord et du Pas-de-Calais, à peine 5 sont encore en état de marche, après quelques semaines de mouvement des Gilets jaunes. Un gros manque à gagner, pour l'État.

Publiée par France 3 Nord Pas-de-Calais sur Mardi 11 décembre 2018


Certains radars sont complètement inopérants et demandent de grosses réparations. D'autres devront être remplacés. D'autres encore ont seulement été recouverts de sacs poubelle ou de gilets jaunes et pourront être opérationnels rapidement. D'autres ont été peints en rose, nettoyés puis repeints de nouveau comme au Cateau-Cambrésis sur la RD 643.

La DSCR distingue deux types de réparations : 
  • Vandalisme léger : du tag à la vitre cassée (en moyenne 500 euros tous types de radars confondus). Une semaine est nécessaire pour effectuer la réparation.
  • Vandalisme lourd : cabine détruite à remplacer (selon le coût d'installation de l'équipement). En moyenne, un mois est nécessaire pour remplacer un appareil.


756 000 euros de manque à gagner rien que sur l'A16


Pour donner un ordre d'idée, un radar fixe et discriminant coûte entre 60 000 et 80 000 € (dont 30 000 à 40 000 € pour la cabine) selon l'ampleur des travaux requis pour l'installation. 

A cela, il faut ajouter le manque à gagner des amendes non infligées aux automobilistes. Les sommes en jeu peuvent très rapidement être importantes. 
Exemple : le radar situé sur l'A16 au niveau de Calais dans le sens Dunkerque-Boulogne et qui a été particulièrement actif en 2017. C'est le 4ème radar de France ayant le plus flashé. 280 flashs en moyenne par jour. A 90€ l'amende (en moyenne, l'amende minorée est de 45€ mais certaines amendes pour grand excès de vitesse sont beaucoup plus chères) , ça fait 25 200€ par jour. 756 000 euros par mois environ. 

Autre exemple :
le radar de la RN 356 à Lille direction Mons-en-Baroeul : 64 789 flashs par an. 485 000 € par mois de manque à gagner. 
 


Sécurité routière


Dernière conséquence : la sécurité routière. Le nombre d'excès de vitesse a bondi de 20% en décembre, selon la Sécurité routière. Bien qu'endommagés, un certain nombre de radars continuent en effet de constater les infractions, sous les yeux des autorités impuissantes. "Un radar comporte deux systèmes couplés: un qui mesure la vitesse et l'autre qui photographie. Sur ces radars (endommagés), la mesure est prise, l'information est envoyée (au centre de traitement, ndlr), mais la photo est voilée ou noire", donc inexploitable pour verbaliser, explique M. Barbe, le délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe.

De nombreux automobilistes prennent actuellement de mauvaises habitudes en roulant à des vitesses excessives. "Par sa présence 24h sur 24, le radar sauve des vies en dissuadant les usagers de commettre des excès de vitesse, rappelle la DSCR. La vitesse excessive ou inadaptée est responsable d'1 accident mortel sur 3. La vitesse a également une incidence importante sur la gravité des accidents."


 
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