Damien Carême est nominé à l'élection symbolique de meilleur maire du monde. Un groupe de réflexion international organise depuis 2004 ce concours. Le maire Europe-Ecologie (EELV) de Grande-Synthe est le seul édile français proposé à cette distinction pour l'instant.

Des maires "honnêtes, dotés de leadership et de vision, capables de gérer les villes avec intégrité", voilà ce que recherche la Fondation City Mayors, une association philanthropique basée à Londres. Elle décerne tous les deux ans depuis 2004 le titre honorifique et parfaitement symbolique de "meilleur maire du monde" à l'un des édiles de la planète.
Damien Carême est sur les rangs. Qui a proposé la candidature du maire Europe-Ecologie (EELV) de Grande-Synthe ? Le mystère est complet, à la mairie, personne ne le sait. En tous cas, l'édile du Dunkerquois est pour l'instant le seul maire de France à concourir, aux côtés des maires de Lampedusa ou Thessaloniki par exemple.

Distinguer un maire engagé en faveur des réfugiés

Car cette année, l’association philanthropique internationale a choisi de distinguer un maire engagé en faveur des réfugiés : "un maire qui a accepté les défis posés par la migration, convaincu de ses avantages à long terme (…). La fondation City mayors examinera également la candidature d’un maire dont la ville a fait preuve de résilience exceptionnelle face aux dernières arrivées en provenance de régions déchirées du monde", comme on peut le lire sur le site (en Anglais) de la fondation.

Damien Carême a clairement le profil. Le 7 mars dernier, sans l'aval de L'Etat et contre l'avis de celui-ci, il ouvre le premier camp humanitaire de France. Le camp de la Linière, construit avec l'aide de l'ONG Médecins sans frontières, accueille alors 1500 migrants, des Kurdes irakiens pour la plupart, qui survivaient jusqu'ici dans des conditions insupportables au Baroch, un autre quartier de la ville de Grande-Synthe.

Je crois, comme Gandhi, que montrer l'exemple n'est pas seulement la meilleure façon de convaincre ; c'est la seule. Nous avons démontré qu'il est possible d'accueillir ces malheureux avec dignité

Un choix solidaire et courageux, où l'édile grand-synthois a fait plier l'Etat sur un sujet à haute tension : l'accueil des migrants. Une victoire pour un élu farouchement porté par ses convictions, comme il l'a déclarée au magazine Télérama dans son numéro du 30 juillet 2016 : "Je crois, comme Gandhi, que montrer l'exemple n'est pas seulement la meilleure façon de convaincre ; c'est la seule. Nous avons démontré qu'il est possible d'accueillir ces malheureux avec dignité".

Un dialogue permanent avec les Grand-Synthois

Et cela, sans levée de bouclier de ses admninistrés de Grande-Synthe, une ville où 24 % des 22 000 habitants sont au chômage, un tiers vivant sous le seuil de pauvreté. L'accueil de réfugiés aurait très bien pu déclencher des manifestations hostiles comme à Calais, à 30 km de là. Il ne s'est rien passé de tel, grâce au travail de pédagogie de l'élu.
"Durant tout le processus, j'ai distribué six lettres aux Grand-Synthois", raconte Damien Carême. "J'ai tout expliqué : pourquoi ces gens étaient là, qui allait construire le camp, qui allait payer quoi… J'ai aussi rappelé qu'ici nous avons eu jadis besoin des étrangers, et qu'aujourd'hui ce sont eux qui ont besoin de nous."

L'élu qui a fait plier l'Etat par sa détermination

Le 30 mai dernier, deux mois après l'ouverture du camp humanitaire de la Linière, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est enfin rendu sur place.
"François Mitterrand disait : “On ne peut rien contre la volonté d'un homme”. J'ai pu mesurer la portée de ces propos à travers votre fréquentation », lance-t-il à Damien Carême. L'Etat, mis devant le fait accompli, accepte finalement d'assumer la gestion et le financement du camp.

Marie-Christine Blandin, sénatrice du Nord (ex-EELV), a soutenu le projet du maire de Grande-Synthe, et l'a accompagné auprès des ministères parisiens. "Il incarne très bien le fameux ‘‘faire de la politique autrement'', estime-t-elle. "Il ne pratique pas l'affrontement idéologique, ni l'agressivité, mais travaille au plus près des gens, avec détermination et pragmatisme."

Le pouvoir appartient aux élus locaux. C'est notre responsabilité d'apporter des solutions concrètes et réplicables, pour les réfugiés comme pour le changement climatique


"Le pouvoir appartient aux élus locaux", déclare encore Damien Carême. "C'est notre responsabilité d'apporter des solutions concrètes et réplicables, pour les réfugiés comme pour le changement climatique. L'Etat doit donner des lignes directrices, mais c'est notre audace qui fera avancer les choses." 
De quoi tordre le cou à tous ceux qui veulent croire les politiques "tous pourris" ou tout au moins privés de la capacité d'agir et incapables de faire bouger quoi que ce soit.

La cause environnentale chevillée au corps 

Fervent défenseur de la cause environnementale, Damien Carême peut aussi s'enorgueillir d'être à la tête de la seule ville du Nord et du Pas-de-Calais à servir du 100% bio aux écoliers de sa commune. Ou encore de la distinction de celle-ci comme "capitale française de la biodiversité" en 2010, ce qui n'était pas une évidence vu le nombre d'usine classées Seveso qui la cernent. 
Autant de chantiers portés par un maire réélu depuis 2001, et qui fait aujourd'hui parler de lui bien au-delà des frontières du Nord et du Pas-de-Calais. 

Un futur "meilleur maire du monde" ? La liste des 26 nominés sera publiée courant octobre par la Fondation City Mayors. En fin d'année, dix noms de maires seront choisis, puis un jury établira le palmarès. Le vainqueur sera connu en janvier 2017.

 

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