Hauts-de-France : quatre gros consommateurs de protoxyde d’azote ont été touchés à la moelle épinière

Pour la première fois, il est démontré par des cas pathologiques concrets que le protoxyde d'azote peut avoir des effets graves sur la santé.

C'est une première dans les Hauts-de-France. Quatre personnes âgés de 18 à 34 ans ont consulté un médecin après avoir eu de graves troubles liés à la consommation de protoxyde d'azote ("proto" ou "gaz hilarant"). Le centre d’addictovigilance des Hauts-de-France relié au CHU de Lille nous a confirmé cette information publiée par la Voix du Nord.

Quatre cas graves et inquiétants selon le docteur Sylvie Deheul, médecin de ce centre : "Des cas existaient dans la littérature médicale. Mais dans les Hauts-de-France, on n'en avait jamais eu auparavant. C'est un phénomène nouveau qui nous inquiète."

Concrètement, ce sont des médecins qui ont signalé ces cas parce que ce sont des "phénomènes graves et inhabituels". A chaque fois, le même type de symptômes : "Une sclérose de la moelle épinière, normalement chargée de transmettre les informations au cerveau pour commandes motrices, explique le docteur Deheul. Cette commande est perturbée. Les patients perdent de la précision, de la force dans leurs gestes... Ils ne marchent plus droit, ils se fatiguent vite, perdent en partie le toucher, ont des fourmillements, des soucis urinaires..." Une pathologie qui n'est heureusement pas irréversible mais qui demande un traitement rapide. Des séquelles sont possibles si la consommation ne s'arrête pas.

Il a été établi que ces quatre patients inhalaient de façon très importante du protoxyde d'azote : entre 20 et 300 cartouches par jour, pendant parfois plusieurs mois. "Cela signifie que ce sont des patients devenus dépendants. Leur consommation importante semble leur échapper. Ils passent du temps à consommer, à acheter le produit... Ils perdent le contrôle. On ne s'attendait pas à ce phénomène de dépendance."
  

Arrêtés municipaux et...


Le produit se vend en petites capsules en métal : on les voit très souvent ensuite traîner sur les trottoirs. Ces capsules, vendues en supermarché pour quelques euros, contiennent du protoxyde d'azote. Un gaz utilisé en cuisine, notamment pour faire de la chantilly, et dans le milieu médical, mélangé à de l'oxygène, pour ses propriétés anesthésiantes. Mais détourné de son usage et inhalé pur, il peut avoir des effets excitants et euphorisants.

Depuis 2017, des associations, des médecins, des élus alertaient sur l'explosion du phénomène chez les jeunes. Mais le risque semblait presque théorique. Cette fois, les cas observés montrent le danger réel de ce produit bon marché devenu populaire.

"C'est la nouvelle drogue des adolescents !, alertait il y a quelques mois Dominique Baert, maire de Wattrelos (Nord - divers gauche). Des directrices d'écoles m'ont alerté : sur le parking jouxtant une école élémentaire, des anciens élèves âgés de 13 ou 14 ans viennent régulièrement consommer des cartouches, les proposant aux plus jeunes". Comme plusieurs maires de grandes villes des Hauts-de-France, il a pris un arrêté municipal interdisant notamment la vente et le don de ce produit aux mineurs. 
 

"Ce que je veux, c'est envoyer un double message, complétait Sébastien Leprêtre, maire de La Madeleine (divers droite). D'abord au législateur, qui ne prend pas ses responsabilités, et aux jeunes, pour leur dire +arrêtez de vous foutre ce truc dans la bouche+!", qui veut aussi permettre aux forces de l'ordre de "juguler" le phénomène."

Des députés et sénateurs ont proposé de voter une loi interdisant la vente du produit aux mineurs. La consommation excessive de proto a déjà fait de nombreuses victimes : 17 personnes en seraient mortes en Angleterre entre 2006 et 2012, et deux cas de décès sont connus en France, dans l'Est, depuis 2016. Des décès ayant notamment pour origine une crise cardiaque, résultant d'une surconsommation. "Quelle que soit la fréquence de la consommation, il existe un risque de surdosage pouvant entraîner la mort", rappelle d'ailleurs Drogues infos services

Les quatres premiers cas pathologiques observés dans les Hauts-de-France ne sont pas forcément les seuls : "Ce sont ceux qui nous été signalés, précise le docteur Deheul. Mais il y en a peut-être plus. C'est pour ça qu'on a diffusé un message de prévention auprès des généralistes, des hématologues et des neurologues."

La vigilance se renforce, les messages d'alerte aussi mais le "proto" semble continuer à se diffuser...

 
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