Face à l'explosion de la consommation du protoxyde d'azote, une drogue à la mode chez les jeunes, les communes de Wattrelos et La Madeleine ont décidé d'interdire la vente et la consommation de ce produit aux mineurs, utilisé à l'origine pour les siphons à chantilly.
Dominique Baert et Sébastien Leprêtre, les maires de Wattrelos et de La Madeleine, ont décidé de prendre les choses en main pour lutter contre la consommation de "proto" chez les jeunes.
Un arrêté municipal interdit désormais la consommation et la vente de protoxyde d'azote à des mineurs dans ces deux communes de la métropole lilloise. Un message fort à l'encontre du gouvernement, qui n'a pour l'instant pris aucune mesure pour endiguer le phénomène.
Depuis près de deux ans, le phénomène explose en France. Et en particulier dans la région, où l'on voit un peu partout ces petites capsules grises qui jonchent les trottoirs.
Le protoxyde d'azote, aussi connu sous le nom de "proto" ou gaz hilarant, est un produit psychoactif, potentiellement mortel à haute dose, en vente libre et à bas coûts. Les 50 recharges ne coûtent que 20€. La raison : le protoxyde d'azote sert à l'origine pour les siphons à chantilly.
"Un cri d'alerte"
La banalisation de cette drogue dans la région se voit au nombre de cartouches qui traînent dans les caniveaux. Face à cet effet de mode inquiétant, Dominique Baert veut protéger sa jeunesse.
Le 29 mai dernier, il signe un arrêté municipal comprenant trois points : "l'interdiction de jeter les cartouches de protoxyde d'azote sur la voie publique, l'interdiction d'en posséder pour les mineurs, sous peine de confiscation, et d'en vendre à des mineurs", explique-t-il.
À travers cet arrêté, qu'il qualifie de "cri d'alerte", le maire de Wattrelos veut avant tout "donner les moyens aux policiers de limiter cette consommation de drogue sur la voie publique." Désormais, un mineur en possession de ces cartouches sur la voie publique peut être passible d'une amende de 35€ et se les voir confisquées.
La Madeleine prend exemple sur Wattrelos
Wattrelos est la première ville du Nord à prendre une mesure concrète contre le proto et a inspiré La Madeleine, elle aussi concernée par ce problème de santé publique. Le 6 juillet dernier, le maire Sébastien Leprêtre a déclaré avoir pris le même engagement, face à l'absence de mesures de la part du ministère de la Santé.
Quand la loi se fait attendre et que la santé publique est en jeu, les maires ont le devoir d alerter et d agir.
— Sébastien Leprêtre (@lepretre_seb) 6 juillet 2019
L arrêté municipal de @Wattrelos contre la consommation et la vente de protoxyde d azote aux mineurs a son jumeau à #LaMadeleine@Ugobernalicis pic.twitter.com/7x5aC2j25B
Néanmoins, cet arrêté pose question concernant son application. Le protoxyde d'azote n'est pas considéré comme stupéfiant. À partir de là, il est difficile d'appliquer des restrictions sur ce produit, notamment pour la vente.
Ne voulant pas rester impuissant, Dominique Baert a tout de même pris cet arrêté pour tenter de limiter la consommation de proto, et cherche surtout à lancer le débat auprès du gouvernement.
Bernalicis veut créer une loi pour encadrer ce gaz hilarant
L'hiver dernier, certains députés du Nord ont déjà voulu légiférer sur ce produit, tels que Ugo Bernalicis, député du Nord de La France Insoumise (LFI).
La sénatrice du Nord et vice-présidente du Sénat, Valérie Létrard, avait aussi interpellé la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pour la sensibiliser à ce sujet. Mais depuis, aucune réponse.
Le 8 juillet dernier, cinq jeunes d'environ 20 ans sont morts dans un accident de voiture à Kortessem, où des cartouches de gaz hilarant avaient été retrouvées dans le véhicule. Le lien entre l'accident et la prise de protoxyde d'azote est encore à établir.