Hélène Hardy, née Xavier, candidate EELV dans le Nord : "Je milite pour la banalité"

Hélène Hardy (EELV), candidate transgenre, s’est lancée dans la bataille législative dans la 2e circonscription du Nord, avec le souci de «rendre commun quelque chose d’exceptionnel».

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A dix jours du premier tour, Hélène Hardy, coquette femme de 64 ans, distribue des tracts sur le marché de Mons-en-Baroeul, dans la banlieue de Lille. On y lit sa profession de foi : «Hélène Hardy de Villeneuve-d’Ascq, retraitée, ex-directrice de la mission locale. Militante pour les populations exclues de l’emploi (...) et pour les droits des personnes LGBT, elle est elle-même une femme transgenre».

«Je suis une candidate écolo qui par ailleurs est transgenre. En affichant ma transidentité, je peux contribuer à la reconnaissance des personnes transgenres», explique la candidate, ballerines noires et jupe d’été, qui est née sous le prénom de Xavier. Elle affronte 15 candidats sur cette circonscription dont la candidate PS sortante Audrey Linkenheld. C’est sa première campagne électorale en tant que femme, car si elle se «sent femme depuis toujours», sa transition de genre a commencé il y a seulement deux ans. Depuis, «c’est le paradis», dit-elle, un large sourire aux lèvres. «Je me sens plus à l’aise pour aborder les gens, plus forte, plus légitime à dire ce que je pense de la vie politique».

Un sentiment partagé par ses proches: «Depuis sa transition, ce n’est plus la même personne, elle s’est libérée d’un poids et tout son cerveau est désormais consacré à faire avancer les choses, elle a un rapport aux autres plus apaisé», affirme Sandrine Rousseau, secrétaire nationale adjointe d’EELV, qui la côtoie depuis plusieurs années.
«J’ai pris conscience que j’étais une fille quand j’avais 4-5 ans, mais dans les années 50, je ne pouvais pas l’évoquer, sauf que, les années passant, c’est devenu de plus en plus dur à accepter», relate Hélène Hardy. Le jour de ses 55 ans, elle se réveille en larmes: «Je ne peux pas mourir homme».


«Une candidate normale»


A partir de là, «j’ai engagé des démarches compliquées, douloureuses pour mes proches, alors j’ai avancé, renoncé, recommencé etc... jusqu’à trouver la force de me dire que je suis une femme, point barre». Mariée deux fois, Hélène Hardy ne veut pas s’étendre sur sa vie privée: «Blackout», rétorque seulement la jeune retraitée.

Officiellement, Hélène Hardy s’appelle toujours Xavier. Elle a déposé sa demande en mairie pour changer son prénom, mais celle-ci ne devrait aboutir que le 13 juin, deux jours après le premier tour. Petite victoire toutefois : sur le bulletin de vote, il sera bien écrit «Hélène». «La préfecture m’a dit que si mon prénom d’usage c’était Hélène, le bulletin Hélène Hardy était tout à fait valable», se réjouit l’ex-membre du Parti socialiste unifié (PSU).

Quant à son changement de genre, sa demande doit encore être déposée au tribunal: «Je vais le faire, même si je pense que ce n’est ni à l’Etat ni au juge de décider de quel genre on est, on doit pouvoir s’autodéterminer dans son genre», soupire-t-elle.

Alors, quand il s’agit de faire les comptes pour la parité, Hélène Hardy figure encore dans la colonne des hommes. Mais, au sein du parti écologiste, «On la compte comme femme ! C’est notamment pour ça qu’elle se présente avec un homme», son suppléant Michel Ifri, explique Jérémie Crépel, secrétaire régional EELV.
Il tient à préciser: «Nous ne sommes pas allés la chercher parce que c’était une femme trans, c’est une candidate normale qui a été investie parce que c’était la plus légitime sur la circo».

Selon la porte-parole de l’inter-LGBT, Clémence Zamora-Cruz, les candidatures trans, «très rares dans le monde», contribuent à «l’intégration de ces personnes dans la vie civile». «Ça permet de déconstruire la vision pathologisante que les gens ont des personnes trans, ça montre qu’elles sont comme n’importe qui, qu’elles peuvent même représenter la population», conclut-elle.
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