L'évènement créé par Jack Lang en 1982 a eu un succès international. Mais pour certains, "l'esprit" n'est plus là.
Le solstice d’été est devenu, depuis 30 ans, le jour de la Fête de la Musique. Ce 21 juin s’ouvre ainsi la 31e édition de l’évènement créé en 1982 par Jack Lang. « Faites de la Musique ! », avait à l'époque lancé le ministre de la culture, invitant les 5 millions de musiciens amateurs du pays à investir les rues pour se rencontrer et partager les cultures musicales. L’évènement se voulait populaire, dans la lignée des Fêtes – et des feux – de la Saint-Jean, et culturel, ouvert à la diversité des genres musicaux.
Le succès est au rendez-vous, c’est le moins que l’on puisse dire. Il a traversé le temps, les générations et les alternances politiques. Les jeunes – et des moins jeunes – sont toujours des millions dans les rues à manifester une forme de ferveur populaire, avec des dizaines de millions de spectateurs, autour de la musique. L’évènement s’est même internationalisé. Il est maintenant connu dans 340 villes dans le monde.
Les atouts de la Fête de la Musique sont aussi, bien sur, sa gratuité, ainsi que son caractère national. Aurélie Filippetti, actuelle ministre de la Culture, peut ainsi se réjouir que « le même jour, à la même heure, quelque soit le milieu et son origine, on vibre au son de la musique ».
Esprit, es-tu toujours là ?
Mais la Fête de la Musique a aussi ses détracteurs. En cause : la place que les professionnels ont fini par prendre dans l’évènement. Ainsi, ce soir, dans la région, on pourra écouter, entre autres :
- King Charles, à Béthune (22h, sur la Grand’Place).
- Johnny Gallagher, à Marcq-en-Baroeul.
- Marcel et son orchestre, à Fourmies.
Retrouvez le programme complet de la Fête de la musique, dans chaque région et chaque ville, sur le site officiel de l'évènement.
C’est aussi la force de la Fête de la Musique que d’attirer des têtes d’affiches. Mais ce n’était pas vraiment l’idée de départ.
Surtout, la Fête de la Musique était initialement caractérisée par sa « spontanéité ». Celle de Jack Lang d’abord, qui n’a mis que quelques semaines a mettre en place ce qui était en fait l’idée de Maurice Fleuret, alors Directeur de la Musique et de la Danse. La spontanéité aussi de la Fête de la Musique dans son ensemble, qui devait être l’occasion pour chacun de sortir sa guitare ou son violon et d’aller s’amuser avec, dans la rue, tout le soir et la nuit. Un esprit qu’on peine à retrouver aujourd’hui : la préservation de l’ordre public implique d’organiser l’évènement par la délivrance d’autorisations, pour des espaces délimités, et des horaires convenables pour les riverains (l’esprit festif n’est pas du goût de tout le monde, même le week-end).
Enfin, lorsqu’il est encadré, l’évènement reste une grande fête... mais n’est-ce pas justement là sa seule raison d’être ? Aujourd’hui, beaucoup ne rateraient la Fête de la Musique pour rien au monde. Mais est-ce bien pour la musique ? L’évènement n’est-il pas devenu un simple prétexte à faire la fête ?