Pour la première fois en France, les oeuvres originales d'un grand peintre vont être exposées dans une prison.
Vingt lithographies originales du peintre Henri Matisse seront exposées à partir de vendredi à la prison de Maubeuge (Nord), une "initiative inédite en France", a indiqué mardi le musée départemental consacré à l'artiste au Cateau-Cambrésis (Nord), qui prête les oeuvres.
"C'est une initiative inédite en France. La plupart du temps, ce sont des copies, des reproductions d'oeuvres de musées qui sont placées dans les centres pénitentiaires. Cette fois, il s'agit d'originaux que l'on prête généralement aux musées", a expliqué le musée Matisse.
Les vingt lithographies, présentées à partir de vendredi pour une exposition de deux semaines dans l'enceinte de la maison d'arrêt, sont issues du livre "Jazz", illustré par Matisse entre 1943 et 1944 et publié par Tériade en 1947.
Copyright : Succession Henri Matisse
"Ce sont vingt planches sur le thème du cirque, de la fête, des contes d'enfants, des lagons, réalisées par Matisse en papier gouaché, découpé et édité en pochoir. C'est sûrement un des livres les plus joyeux", a précisé Dominique Szymusiak, conservatrice en chef du musée Matisse.
"L'art reconstruit les gens"
"C'est une série de planches qui a été exposée dans toute l'Europe avant d'être donnée au musée par Mme Tériade" en 2002, a-t-elle ajouté. Prêter des oeuvres d'art à un centre pénitentiaire est "très expérimental, mais on sait que la peinture, l'art, reconstruit les gens et particulièrement celle de Matisse", a estimé Mme Szymusiak.
Cette initiative est née après la visite de huit détenus de la maison d'arrêt de Maubeuge au musée départemental pour découvrir l'exposition "Les esquimaux vus par Matisse", en novembre 2010, dans le but de réaliser ensuite une émission de radio à destination des autres personnes incarcérées. "Cela va permettre aux détenus qui ne peuvent pas sortir de voir ces oeuvres, de les avoir à disposition", s'est réjouie Francine Auger-Rey, qui anime depuis juin 2010 un atelier radio avec les détenus de la maison d'arrêt.