L'INSEE a publié des chiffres permettant de commencer à mesurer les conséquences du coronavirus sur la mortalité dans le région Hauts-de-France.
Y a-t-il eu une surmortalité en ce mois de mars 2020 dans la région Hauts-de-France ? Y a-t-il eu plus de morts que le même mois les années précédentes ? Les statistiques publiées par l'INSEE (arrêtées au 30 mars) cette semaine permettent de répondre en partie à ces questions.
Même s'il n'est pas possible d’imputer systématiquement et mécaniquement un éventuel excès de mortalité à l’épidémie du Covid-19, on peut néanmoins en observer les conséquences, notamment dans l'analyse département par département. L'INSEE publie les données de 2018 et 2019 pour permettre une comparaison pertinente, même s'il aurait fallu un plus large panel d'années pour une analyse plus fine.
L'éventuelle surmortalité est aussi à regarder à l'aune du confinement qui a considérablement réduit certaines causes de mortalité à commencer par les accidents routiers. Le nombre de morts sur les routes a par exemple baissé de presque 40% en France en mars 2020 par rapport au même mois l’année dernière.
En France, 57 441 décès ont été enregistrés en mars 2020 en France contre 52 011 en mars 2019. "Un nombre qui reste néanmoins inférieur au nombre des décès enregistrés sur la même période en 2018 (58 641 décès en France), année où la grippe saisonnière était encore virulente au mois de mars", explique l'Institut national de la statistique.
Au plan régional, du 1er et 30 mars 2020, 5260 personnes sont décédées dans les Hauts-de-France. C'est presque 11% de plus qu'en mars 2019 (4746) mais c'est aussi 8,8% de moins (5723) qu'en 2018. En 2018, c'est notamment la grippe saisonnière qui a entraîné une surmortalité importante.
► Décès par département en mars
C'est l'analyse par département qui permet de mieux cerner les conséquences de l'épidémie de coronavirus. L'Oise est de loin le département le plus touché. +42% de morts par rapport à 2019. +33% par rapport à 2018.
L'Oise fait partie des 6 départements français (avec le Haut-Rhin, la Seine-Saint-Denis, les Hauts-de-Seine, les Vosges (+55 %) et la Moselle (+41 %) où la surmortalité est de plus de 40% en mars 2020 par rapport à mars 2019.
Dans les autres départements, la différence est moins marquée. Dans l'Aisne, le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme, le nombre de morts en mars 2020 est même inférieur ou quasiment égal à celui de mars 2018.
►Décès au domicile, dans les Ehpad, dans les hôpitaux
L'INSEE publie également des données détaillées selon le lieu du décès : domicile, Ehpad, hôpitaux... Là encore, l'année de comparaison change complètement l'analyse. Le mois de mars 2018 a, dans la plupart des départements, vu un nombre plus important de morts que mars 2020.
Dans les Ehpad, on observe une augmentation de 18% des décès en mars 2020 par rapport à 2019 (à comparer aux 11% pour l'ensemble des décès dans la région).
► Décès par âge
Pas de surmortalité chez les 0-64 ans, ni même chez les +85 ans. En revanche, chez les 65-74 ans et les 75-84 ans, on observe clairement une surmortalité par rapport à 2019 et même 2018. 1207 personnes âgées de 75 à 84 ans sont mortes entre le 1er et 30 mars 2020 contre 1185 en 2018 et 1018 en 2019, sur la même période.
Même augmentation entre 5 et 20% selon l'année de comparaison chez les 64-75 ans.
Au niveau national, l'INSEE signale aussi une hausse de mortalité en mars 2020 par rapport à mars 2019 accentuée pour les hommes : + 13 % contre + 8 % pour les femmes.
Le confinement n'ayant débuté que le 17 amrs et l'épidémie de Covid-19 étant toujours en cours, il sera important d'observer ces mêmes chiffres de l'INSEE au mois d'avril.