Mardi 2 juillet, les agriculteurs de la région ont manifesté devant les préfectures de Lille, Amiens et Arras. Ils s'élèvent contre l'accord de libre échange actuellement négocié entre l'Union européenne et le Mercosur qui regroupe quatre pays du continent sud-américain.
Lille, Amiens, Arras : mardi 2 juillet, les agriculteurs des Hauts-de-France étaient réunis devant les principales préfectures de la région à l'appel du premier syndicat français du secteur agricole, la FNSEA, et des Jeunes Agriculteurs (JA). Ils protestaient contre un accord de libre échange entre l'Union européenne et le Mercosur, un marché commun d'Amérique du sud qui regroupe le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay.
Consommateur agriculteur tous trompés ? si il faut bloquer Amiens pour se faire entendre nous sommes là ! ?#Mercosur #MercosurUE pic.twitter.com/8KtXnhAm8Z
— FDSEA Somme (@FDSEA80) 3 juillet 2019
Cet accord, qui prévoit notamment un abattement de plus de 90% des frais douaniers entre les pays concernés, suscite de nombreuses inquiètudes. Économiques d'abord : les agriculteurs redoutent une "distorsion de concurrence" entre des productions européennes soumises à des normes très exigeantes - et coûteuses - et des marchandises sud-américaines beaucoup plus compétitives. Sanitaires ensuite, car pour produire moins cher, les exploitants du Mercosur ont recours a des produits interdits depuis plusieurs dizaines d'années par l'Union Européenne, et potentiellement nocifs.
Hier soir, @FDSEA80 et @ja_somme répondaient à l'appel à mobilisation national @JeunesAgri et @FNSEA ?@Prefet80 a été à l'écoute de nos revendications contre ? le #Mercosur et le #CETA
— JA Somme (@ja_somme) 3 juillet 2019
L'occasion de #communiquer ?️auprès des #medias ??et des habitants d'@AmiensMetropole pic.twitter.com/66D4eOE6S8
"Il va devenir très difficile de contrôler la qualité de l'alimentation proposée dans l'assiette de nos consommateurs", alerte Jean-Christophe Rufin, secrétaire général de la FRSEA des Hauts-de-France, présent au rassemblement lillois d'hier. "On a déjà du mal à appliquer les mêmes standards au sein de l'Union européenne, alors si l'on rajoute l'Amérique du sud, ce sera quasi impossible" complète Edouard Brunet, co-président des JA de la région, qui manifestait à Amiens.
Vives inquiètudes sur le sucre et la viande bovine
La région Hauts-de-France est la première productrice de betterave - notamment sucrière - de France dont elle assurait 48% de la production en 2016, et elle recensait la même année près de 10.000 producteurs bovins. Deux secteurs particulièrement impactés par le projet de libre échange qui propose une augmentation des quotas de viande bovine et de sucre en provenance des pays du Mercosur. "À l'origine, le but de l'agriculture européenne était l'autonomie alimentaire, rappelle Jean-Christophe Rufin, mais avec ce genre d'accord, on s'éloigne de cet objectif premier."
Alors les agriculteurs comptent sur les consommateurs. À Lille comme à Arras, ils avaient organisé un barbecue géant avec des produits régionaux pour sensibiliser le grand public à leur cause. "Il y a une forte demande du public de consommer local, explique Jean-Christophe Rufin, mais en fin de mois, une partie de la population n'a plus le choix et se tourne vers le moins cher. Il faut se méfier de l'élitisme alimentaire et offrir une alimentation accessible pour tous."
Différents membres du gouvernement ainsi que certains préfets ont assuré aux agriculteurs en colère qu'ils seraient très vigilants sur la teneur de l'accord final. Mais le monde agricole, désabusé, peine à accorder sa confiance à une classe politique qui, jugent-ils, tient rarement ses promesses. "Ce n'est plus des paroles que nous attendons, explique Edouard Brunet, mais des actes."
"Nous avons adressé un courrier à @EmmanuelMacron pour qu'il s'explique devant les agriculteurs sur le #Mercosur. Comment promettre la transparence sur ces produits alors qu'il a été montré précisément que cela est impossible !" @gaillot_arnaud sur @CNEWS @FNSEA pic.twitter.com/nW2wOIwcRU
— Jeunes Agriculteurs (@JeunesAgri) 3 juillet 2019
Si l'accord, porté à l'étude dès 1999, a franchi une nouvelle étape, la route reste longue jusqu'à son application finale. Il va d'abord devoir être approuvé par les chefs d'Etat de l'Union européenne, avant d'être examiné par le Parlement européen, puis par les Parlements nationaux des 28 pays de l'Union. De quoi laisser le temps aux syndicats de s'organiser, mais les inquiètudes restent vives.