Covid-19 : pourquoi la circulation du virus doit impérativement baisser avant l'automne

L'arrivée du virus grippal, à l'approche de l'hiver, va-t-elle compliquer la lutte contre le Covid-19 ? C'est la crainte de plusieurs infectiologues, à commencer par celle de Daniel Camus, de l'Institut Pasteur à Lille.

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Il y a urgence pour réduire au maximum la circulation du Covid-19 en France, estime le professeur Daniel Camus, médecin épidémiologiste à l'Institut Pasteur de Lille.

► La situation que l'on vit en ce mois d'août, avec le regain du Covid-19, vous inquiète-t-elle ?
Si on fait une photographie de la situation telle qu’elle apparaît aujourd’hui, c’est assez inquiétant. Est ce que la situation est grave ? Non, mais ce qu’on craint, c’est que si le virus continue à circuler de façon continue, il risque d’être toujours en circulation assez active en automne.

C'est à cette époque que va arriver le virus grippal. On regarde actuellement ce qui se passe dans l’hémisphère sud, où l'on se trouve en hiver, et on a constaté que les deux virus co-circulent : il n’y a pas un virus qui a éliminé l’autre.

► Que risque-t-il de se passer si les deux virus co-circulent ?
Dans les pays de l'hémisphère sud, on a constaté qu'il y avait moins de cas de grippe, parce que les gens sont masqués et ont adopté les gestes barrières. Mais si les deux circulent en meme temps, cela va quand même nous poser problème, déjà du point de vue du diagnostic.

Sur le plan clinique, les deux maladies se ressemblement énormémement et partagent plusieurs symptômes : fièvre, maux de tête, courbatures, fatigue... Si encore les deux traitements étaient les mêmes, ça n'aurait aucune importance, mais ce n'est pas le cas. La prise d'anti-inflammatoires comme l'ibuprofène (Advil, Nurofen) est totalement déconseillée pour un malade du coronavirus.

Y a-t-il un risque que les services de santé soient à nouveau saturés ?
En cas de symptômes, il va falloir faire la preuve que le patient souffre du Covid-19 et non de la grippe. Le médecin va donc demander des tests, et on va se retrouver avec une montagne de tests de laboratoire [ndlr : l'Institut Pasteur de Lille propose un drive de dépistage].

Avec les patients qui viennent consulter au moindre doute, il risque aussi d'y avoir une forte tension au niveau des soins ambulatoires. Non pas au niveau des hôpitaux, mais au niveau des médecins qui vont être débordés. Il faudra que les plus fragiles soient vaccinés contre la grippe, pour éliminer ce risque.

Aujourd'hui, le virus circule et circule un peu trop. On peut poser la question de savoir si un masque est efficace ou pas mais je pense qu'il ne faut pas discuter, si on veut réduire la circulation du virus.

► Les moyens de dépistage actuels vous paraissent-ils suffisants pour y faire face ?
On essaie de voir qui sont les personnes qu’il faudrait cibler. À l’heure actuelle, c’est généralement le tout-venant qui veut savoir s’il est positif ou pas. Ce n’est pas une mauvaise chose, et d’ailleurs on l’encourage.

En revanche, il serait peut-être intéressant de dépister ceux qui prennent la charge de ces personnes vulnérables. Ce peut-être la famille, par exemple.

On peut tracer un parallèle avec la "vaccination cocooning" utilisée contre la coqueluche. Comme on ne peut pas vacciner trop tôt les nouveaux-nés contre cette infection bactérienne, à la place on vaccine l'entourage pour éviter que le virus n'arrive jusqu'à eux. 

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