Les services d'incendie et de secours (SDIS) du Pas-de-Calais ont fait état mardi de "l'impossibilité" pour leurs véhicules de pénétrer dans la "jungle" de Calais et des "problèmes de sécurité" qu'ils rencontrent une fois sur place.
Selon le colonel Laurent Moreau, directeur départemental du SDIS, interrogé mardi par l'AFP sur les difficultés rencontrées par les sapeurs-pompiers dans l'exercice de leur mission, dans la zone sud du camp dit de la lande, la plus peuplée, "il y a une impossibilité physique d'accès par les véhicules de lutte contre l'incendie en raison de l'agglomérat des tentes", plantées de manière compacte.
"La configuration du camp de la lande n'est pas propice à une intervention rapide, ça fait un moment qu'on le dit. Pour nous, il y a la nécessité d'avoir des axes libérés de manière à pouvoir intervenir", a-t-il expliqué. "S'agissant d'un incendie, on ne peut rien faire, ou alors dans des délais très longs, qui rendent la lutte contre l'incendie quasiment inefficace".
"On respecte les migrants, avec beaucoup d'humanité"
Le directeur du SDIS s'est défendu d'interférer dans le débat en cours sur l'évacuation de la partie sud de la "jungle", ordonnée par un arrêté préfectoral qui fait l'objet d'un recours en justice. "Notre ADN, c'est de porter secours sans distinction entre les personnes, de respecter les gens qui sont dans la détresse. On respecte les migrants, avec beaucoup d'humanité", a-t-il affirmé.Sur ce problème d'accès vient se greffer un "problème de sécurité de nos hommes, qui doivent pouvoir porter secours sans être agressés". "Nos engins ont été caillassés, à plusieurs reprises", a-t-il rappelé.
En novembre dernier, voulant intervenir très vite sur un sinistre concernant plusieurs tentes, les sapeurs-pompiers avaient négligé de s'assurer des conditions de sécurité sur le lieu de l'incendie. "On est tombé dans un traquenard. Un véhicule 4x4 contre l'incendie a reçu un rondin dans le pare-brise, heureusement le projectile n'est pas passé au travers", a-t-il détaillé. Ces problèmes de sécurité ont conduit à prévoir une procédure très précise d'intervention, sous la protection des forces de l'ordre qui est désormais "systématique".
"On en appelle à la préfecture depuis un bon moment"
Mais, a-t-il observé, "la coordination avec la police rallonge parfois considérablement les délais d'intervention, ce qui nuit à l'efficacité de l'assistance". "On en appelle à la préfecture depuis un bon moment" sur les risques de sécurité que comporte la zone sud, a-t-il dit. Interrogée, la préfecture ne conteste pas avoir été alertée sur ce point.La "jungle" représente beaucoup de travail pour les deux centres de sapeurs-pompiers de Calais et Marcq-en-Calaisis, soit quelque 150 sauveteurs. Lorsque la population du camp avait atteint le pic de plus de 6.000 personnes, au début de l'automne, "c'était 15 interventions par jour", a précisé le colonel Moreau.