Sabine Triton, dont l'enfant est une jeune adulte polyhandicapée, a décidé de défendre avec force l’accès aux loisirs et séjours de vacances pour les personnes en situation de handicap âgées de plus de dix huit ans. Elle recherche actuellement des soutiens et des témoignages d’associations ou de personnes concernées pour que le gouvernement s'empare de ce sujet.
"Un handicap, c’est ne pas pouvoir vivre les mêmes choses qu’une autre personne, indique Sabine Triton, mais chaque personne a envie de vivre des choses différentes". Y compris sa fille, Mélanie, polyhandicapée, qui aurait aimé repartir en colonie cette année.
Il s’agit pourtant du premier été au cours duquel elle ne pourra pas partir en séjour de vacances pour adolescents, puisqu’elle a eu 18 ans il y a quelques mois. "La situation de Mélanie n’est pas unique. À la majorité, il y a une double peine du handicap et de l’âge", déplore sa mère, à l’origine d’une pétition qui compte aujourd’hui près de 470 signatures, et d'une seconde, déposée à l'Assemblée nationale, afin de "permettre l’accès aux loisirs et vacances inclusifs aux jeunes adultes handicapés".
Sabine Triton a également interpellé et sollicité les élus, députés, sénateurs et membres du gouvernement de tout l’hexagone. Afin de donner plus de poids à sa requête, elle récolte actuellement des témoignages d’associations qui seraient prêtes à poursuivre l'accueil des jeunes adolescents devenus adultes, ainsi que de parents ou d’enfants qui auraient les mêmes aspirations, peu importe la région d’origine.
Offrir une continuité
Concrètement, Sabine Triton souhaiterait que les associations qui organisent des séjours ou des activités pour les mineurs en situation de handicap puissent prolonger cet accueil jusqu’à ce qu’ils aient 26 ans : "Je ne parle pas d’un accueil dans toutes les structures. L’idée c’est de capitaliser sur les associations pour mineurs qui le font déjà et qui pourraient le prolonger dans les mêmes conditions que quand ils étaient adolescents."
Je ne parle pas d’un accueil dans toutes les structures. L’idée c’est de capitaliser sur les associations pour mineurs qui le font déjà et qui pourraient le prolonger dans les mêmes conditions que quand ils étaient adolescents.
Sabine Triton
La mosellane dénonce en effet un blocage administratif : "En étant mineur ou majeur, les droits changent. Sauf qu’il faut accepter de raisonner autrement avec les jeunes en situation de handicap, parce qu’il s’agit d’enfants totalement différents."
Elle considère ainsi que la loi handicap de 2005, reconnaissant l’accès aux loisirs et à la culture comme des besoins essentiels, n’est pas respectée. Les séjours pour adultes sont jugés trop peu accessibles du fait de leur prix et de leur rareté. Ils sont également peu inclusifs, puisqu'ils ciblent majoritairement les personnes en situation de handicap sans les intégrer avec des enfants "ordinaires".
"Si on ne leur offre pas un milieu inclusif pendant les vacances, ils n’ont plus du tout accès à leurs pairs”, assène la mère de famille, qui rappelle que ces jeunes adultes, s'ils ne sont ni scolarisables ni sur le marché du travail, n’ont d’autres choix que d’être en institut spécialisé.
"Des moments extraordinaires en milieu ordinaire"
Sa volonté ? Que Mélanie vive des "moments extraordinaires en milieu ordinaire" auprès de ses pairs. "Ma fille veut être avec monsieur et madame tout le monde, avec des adolescents qui partagent les mêmes aspirations qu’elle". Une possibilité extrêmement bénéfique puisque l'inclusivité constitue pour Sabine Triton un "moteur essentiel" pour l’épanouissement et le développement cognitif des personnes en situation de handicap.
Elle permet aussi de changer le regard sur le handicap et de le "banaliser" afin d'"accélérer les prises de conscience et les modifications structurelles de notre société", défend Sabine Triton, déterminée à l’idée d’aider "ces enfants qui méritent qu’on se batte pour eux".
Pour partager, si vous le voulez, votre témoignage à Sabine Triton : sabine.triton@gmail.com