Dans une ordonnance rendue ce vendredi, le Conseil d'Etat a suspendu l'arrêté "anti-burkini" pris par Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes). Cette décision pourrait faire jurisprudence pour la trentaine de communes en France qui ont pris des arrêtés similaire, comme Le Touquet ou Oye-Plage.
Le Conseil d'Etat a suspendu vendredi l'arrêté anti-burkini pris par la commune de Villeneuve-Loubet (Côte d'Azur) et plus largement mis en garde tous les maires ayant interdit ces tenues de bain islamiques très couvrantes. La plus haute juridiction administrative française a souligné avec insistance qu'une restriction de l'accès aux plages ne pouvait être justifiée qu'en cas de "risques avérés" pour l'ordre public.
"En l'absence de tels risques, l'émotion et les inquiétudes résultant des attentats terroristes, et notamment celui commis à Nice le 14 juillet dernier, ne sauraient suffire à justifier légalement la mesure d'interdiction" décidée à Villeneuve-Loubet, autre commune de la Côte d'Azur, a indiqué le Conseil d'Etat dans son ordonnance.
La décision devrait faire jurisprudence
Dans cette décision de dernier recours, qui fera autorité pour toute la France, le Conseil d'Etat rappelle à la trentaine de maires français ayant interdit le burkini au nom, entre autres, de la "laïcité", qu'ils ne peuvent se fonder sur "d'autres considérations" que l'ordre public, "le bon accès au rivage, la sécurité de la baignade ainsi que l'hygiène et la décence" pour interdire l'accès aux plages. Olivier Majevicz, le maire PS d'Oye-Plage (Pas-de-Calais), a d'ores-et-déjà annoncé qu'il suspendait le sein.Cette décision "aura vocation à faire jurisprudence", a affirmé Me Patrice Spinosi, avocat de la Ligue des droits de l'homme (LDH), qui avait saisi la plus haute juridiction administrative. "Oui, il y a une atteinte disproportionnée à la liberté des religions et le maire n'avait pas le pouvoir de restreindre cette liberté", a-t-il ajouté.
"La mesure est suspendue, donc les policiers ne peuvent plus verbaliser", a réagi à chaud l'avocat niçois de la commune de Villeneuve-Loubet, Me Olivier Suarès. Ces arrêtés anti-burkini ont déclenché un débat fiévreux sur la place de l'islam en France, dont se sont emparés les responsables politiques, sur fond de campagne présidentielle, et sous l'oeil souvent consterné des médias internationaux.
L'arrêté du Conseil d'Etat