Quasiment inexistant dans le Nord depuis plus de dix ans, l'enseignement du flamand pourrait refaire son retour au sein des écoles du primaire et du secondaire à partir de la prochaine rentrée, en septembre 2021. L'académie de Lille a lancé un appel à candidatures pour recruter des enseignants.
Le combat mené par Jean-Paul Couché est, peut-être, en train de prendre une autre dimension. Le flamand occidental pourrait être de nouveau enseigné dans des écoles nordistes. L'académie de Lille a lancé, vendredi 23 janvier, un appel à candidatures pour recruter des futurs enseignants en flamand à partir de la prochaine rentrée scolaire. "L'académie de Lille souhaite recenser les enseignants possédant les compétences linguistiques et didactiques nécessaires" dans le cadre "d’un projet de déploiement de l’enseignement de notre langue régionale dans le primaire et le secondaire", est-il précisé sur le site de l'institution.
L'Academie de Lille lance un appel à candidature pour enseigner le flamand occidental
— Jean-Paul Couché (@ANVTJPC) January 23, 2021
De Akademie van Rysel zoekt achter kandidaeten om 't West-Vlamsch te doen leëren
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Une très bonne nouvelle pour M. Couché, président de l’Institut de la langue régionale flamande (ILRF), après quarante années qu'il juge "erratiques". Lancé dans les années 1980 un peu partout dans le Nord, l'enseignement du flamand s'est arrêté en 2000. Sans jamais que ses défenseurs en connaissent les raisons. L'ILRF naît en 2004. Une expérimentation est menée à partir de 2007 dans les écoles primaires de cinq communes : Volckerinckhove, Wormhout et le regroupement pédagogique intercommunal de Buysscheure, Noordpeene et Ochtezeele. Ces élèves du CE2 au CM2 assistaient à un cours de flamand par semaine.
Un cours de flamand par semaine
Selon Jean-Paul Couché, le rapport de l'Education nationale était "positif" et l'enseignement devait être développé dans le secondaire et dans d'autres communes de Nord Pas-de-Calais. En vain. Le processus a été bloqué et les cours réservés aux écoles primaires des cinq communes précédemment citées, jusqu'en 2019 où le seul enseignant est parti à la retraite. Sans être remplacé.
Les cinq maires de ces communes de Flandre française ont demandé le retour de cette heure hebdomadaire lors des étés 2019 et 2020. Sans succès. Et deux jours après une nouvelle manifestation le 10 octobre devant le rectorat de Lille, la rectrice a reçu Jean-Paul Couché, "à son initiative", précise l'ancien professeur de flamand. Trois mois plus tard, l'annonce de recherche d'enseignants a été parue. Même si le président de L'ILRF aurait préféré qu'elle soit envoyée directement à tous les enseignants du Nord - Pas-de-Calais. "Ils ne seront pas tous au courant", regrette t-il.
L'institut au service du rectorat
Par l'intermédiaire de l'ILRF, Jean-Paul Couché a proposé d'aider à la formation des futurs enseignants. Aucun ne pourrait exercer dans l'immédiat. Il espère s'appuyer sur des enseignants qui viennent régulièrement aux cours organisés chaque semaine par l'institut : 30 cours dispensés dans l'arrondissement de Dunkerque par des professeurs bénévoles, majoritairement des enseignants à la retraite. "On décompte une vingtaine d'enseignants qui assistent aux cours et 500 élèves professionnels." Des professeurs qui assistaient à ces leçons de flamand s'étaient montrés intéressés si un tel appel à candidatures était publié.
Voir le 12 février, date limite, une dizaine de candidatures parvenir "serait un bon début", pour M. Couché. "S'il y a, à l'avenir, une extension que souhaite le rectorat, on aura besoin de relève et de formation universitaire." Après le recrutement des candidats, une formation express - potentiellement de février à juin - pourrait se dérouler pour un début des cours à la prochaine rentrée scolaire. D'ici là, nul doute que des précisions seront apportées par l'académie de Lille.
En 1999, il y avait entre 70 et 80 000 locuteurs du flamand en France. Aujourd'hui, entre 40 et 50 000 personnes parleraient cette langue régionale. En Belgique, ils sont 1,5 million.
Pourquoi enseigner le flamand dans les écoles nordistes ?
Pour Jean-Paul Couché, enseigner le flamand occidental dans les écoles nordistes est nécessaire. "L'enseignement des langues régionales fait partie de la constitution, c'est l'article 75. Avant, la transmission des langues régionales se faisait par les familles. Ce n'est plus le cas : la transmission doit se faire par l'école." Le Ministère de la culture reconnait cet idiome parmi 23 langues régionales pratiquées en France.
Autre bienfait de l'enseignement du flamand, la proximité avec des langues comme l'allemand ou encore le hollandais. "Cela permet de donner une ouverture sur les langues germaniques. Des ponts peuvent se faire. C'est une langue tremplin vers d'autres langues de la même famille. Et la Région l'a compris."
Pour candidater : les professeurs intéressés devront adresser leur candidature (diplômes, CV et lettre de motivation en langue française et le cas échéant certification) à ce.ipr@ac-lille.fr au plus tard le 12 février 2021.