5 candidats du Front National ressortent victorieux de ce second tour des élections législatives, dans le Nord et le Pas-de-Calais. Qui sont-ils ?
Le Front national, emmené par Marine Le Pen large vainqueur à Hénin-Beaumont, a raflé cinq sièges dans l'ex-bassin minier du nord de la France, où le succès de REM a été moins large que ce que laissait prévoir le 1er tour des législatives. De manière générale, les candidats de l'opposition au nouveau pouvoir ont progressé bien plus nettement d'un tour à l'autre que ceux de REM, sauf ceux du FN. Cela n'a pas empêché Marine Le Pen de l'emporter avec 58,6% à Hénin-Beaumont, où la municipalité est frontiste. Le FN fait aussi gagner ses candidats à Lens, Liévin, Bruay-la-Buissière où s'impose un jeune de 23 ans, Ludovic Pajot, ainsi qu'à Denain grâce à Sébastien Chenu, transfuge de l'UMP.
Marine Le Pen (FN), 11e circ. du Pas-de-Calais
Sa quatrième tentative aura finalement été la bonne: en l'emportant dimanche avec 58,6% des voix dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais (Hénin-Beaumont), Marine Le Pen décroche son premier mandat d'envergure nationale après sa défaite en mai dernier au second tour de la présidentielle. Elle parachève ainsi à ce poste son ancrage dans le nord du pays, que cette native de Neuilly-sur-Seine de 48 ans a choisi comme terre d'élection depuis 1998 : conseillère régionale (1998-2004 et depuis 2010), candidate malheureuse à trois reprises aux législatives dans le Pas-de-Calais (2002, 2007 et 2012) et conseillère municipale d'Hénin-Beaumont (2008-2011), ex-ville minière que son parti remporte en 2014.
Députée européenne depuis 2004, cette avocate de formation succède à son père Jean-Marie à la tête du FN en 2011, après en avoir écarté ses caciques. Après la présidentielle 2002, cette grande femme blonde et gouailleuse entreprend avec le soutien de son père une ascension continue jusqu'à la présidence du parti, début 2011. Les vieux barons, qui la voyaient en "night-clubbeuse" dénuée de culture politique, sont progressivement écartés.
Elle termine troisième lors de la présidentielle de 2012 et arrive à se hisser au second tour de la présidentielle en avril dernier, mais s'incline nettement face à Emmanuel Macron, ne recueillant que 33,90% des suffrages. Cela représente toutefois de 10,6 millions d'électeurs, un record pour le parti.
Deux fois divorcée, mère de trois enfants et aujourd'hui en couple avec Louis Aliot, élu dans la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales, cette femme au tempérament volcanique incarne la "dédiabolisation" du FN, fût-ce au prix de l'exclusion de son propre père à l'été 2015.
Ludovic Pajot (FN), 10e circ. du Pas-de-Calais
Ludovic Pajot, 23 ans, élu Front national dimanche dans la 10e circonscription du Pas-de-Calais, sera le benjamin de l'Assemblée nationale. Conseiller municipal d'opposition à Béthune, élu conseiller régional Hauts-de-France en 2015, il s'est imposé avec 52,58% face à la candidate REM.
Le nouveau député de cette circonscription ancrée dans l'ex-bassin minier, qui a fait des études de droit, s'est principalement fait connaître pour ses positions anti-migrants, promoteur par exemple d'une motion "Ma commune sans migrants", ou intervenant à la tribune du conseil régional pour appeler à rejeter un appel à projet visant selon lui à financer des centre d'accueil en faveur des migrants.
Sébastien Chenu (FN), 19e circ. du Pas-de-Calais
Sébastien Chenu, élu dans la 19e circonscription du Nord dimanche, est un ancien de l'UMP qui a rapidement occupé une place centrale au Front National en oeuvrant
à la communication de Marine Le Pen durant la campagne présidentielle. Agé de 44 ans, Sébastien Chenu a commencé à l'UMP où il a fondé l'association de défense des homosexuels GayLib.
Il est adjoint au maire de Beauvais de 2001 à 2014, période durant laquelle il occupe également divers postes de directeurs de cabinet, dont celui de Christine Lagarde, ministre du Commerce extérieur, de 2005 à 2007. Il arrive au FN en décembre 2014, scandalisant une partie de ses membres hostiles aux homosexuels. Mais son sens du contact et son carnet d'adresses, développé en fréquentant les milieux médiatiques et mondains de Paris, le rendent indispensable à Marine Le Pen qui en fera l'un de ses lieutenants.
Assumant son "parachutage" pour les législatives, Sébastien Chenu a un logement à Denain, principale commune de la circonscription, depuis un an et demi, où il s'est imposé largement (55% des voix).
Bruno Bilde (FN), 12e circ. du Pas-de-Calais
Bruno Bilde, 40 ans, élu dimanche avec 55,07% des voix dans la 12e circonscription du Pas-de-Calais en battant Coralie Rembert (REM), est un très proche collaborateur de Marine Le Pen. Chargé de communication de la présidente du FN lors de la présidentielle de 2017, il est adjoint au maire FN de Hénin-Beaumont, Steeve Briois, chargé des affaires juridiques, des affaires générales et des relations publiques.
Célibataire et sans enfant, il est aussi conseiller régional FN depuis 2010 à la région Nord-Pas-de-Calais, devenue Hauts-de-France. De 2004 à 2010, il était conseiller régional de Lorraine. Titulaire d'une maîtrise de droit public obtenu à la faculté de Douai, il a exercé le métier de juriste pendant plusieurs années, notamment au sein d'une entreprise de ressources humaines.
Né à Laxou, dans la banlieue de Nancy, fils de "commercants-artisans", il a adhéré au Front national en 1991, à l'âge de 15 ans. Il a quitté le parti pendant deux ans pour rejoindre le Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret, avant de retrouver le parti frontiste en 2002 pour la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen. Habitant de Hénin-beaumont, il est par ailleurs fan du chanteur William Sheller.
José Evrard, 3e circ. du Pas-de-Calais
José Evrard (FN), élu dimanche avec 52,94% des voix dans la 3e circonscription du Pas-de-Calais face à Patrick Debruyne (MoDem), a été militant communiste pendant 36 ans. Agé de 71 ans, il a quitté le Parti communiste pour rejoindre le Front national en 2014 se sentant "trahi sur ses engagements". "Pour des notions de souveraineté et d'indépendance nationale, j'ai rejoint le Front national pour qu'il y ait une continuité dans mes valeurs", affirme M. Evrard, marié et père d'un enfant.
Le retraité, conseiller municipal FN à Billy-Montigny (Pas-de-Calais), était postier de formation avant de devenir permanent du Parti communiste à Lens pendant 15 ans.
Né à Cauchy-à-la-Tour, d'un père mineur de fond et d'une mère femme au foyer, M. Evrard est un "passionné de lecture", possédant "une bibliothèque de plus de 8.000 livres".