Le cyclisme français, qui attend depuis dix-neuf ans un successeur à Frédéric Guesdon, son dernier lauréat de Paris-Roubaix en date, prend son mal en patience au moment de s'engager dimanche dans la "reine des classiques".
Les forfaits d'Alexis Gougeard (AG2R La Mondiale), en vue l'an passé pour sa première participation avec près de 200 kilomètres d'échappée, et surtout d'Arnaud Démare (FDJ) privent les Français de deux de leurs meilleurs atouts. Le premier, contrarié par des ennuis de santé, n'a pu se préparer au mieux. Le second, qui a chuté au Tour des Flandres, n'a pas récupéré.
Les regards se portent dès lors vers deux autres équipes. Cofidis avec le "régional" Florian Sénéchal (17e en 2015) qui avoue "avoir plus de pression
cette fois", Direct Energie avec Sylvain Chavanel de retour dans la formation de ses débuts. "J'ai toujours connu un problème sur Paris-Roubaix, j'espère surtout ne pas en rencontrer", annonce le Poitevin. "Sylvain a les jambes pour bien faire, confirme son directeur sportif Dominique Arnould. Mais d'autres coureurs seront à l'aise. Adrien Petit évolue sur son terrain, Alexandre Pichot et Yohann Gène ont l'expérience de la course. Si le facteur chance est de notre côté, un top 5 est accessible".
Des années de disette
Depuis le début de la décade, les Français se sont rapprochés des premières places. Sébastien Turgot (2e en 2012) et Damien Gaudin (5e en 2013) ont ouvert la voie. Des résultats autrement meilleurs que pendant les années noires, cette époque dite du cyclisme à double vitesse qui a quasiment anéanti toute une génération."La victoire de Démare à Milan-Sanremo, c'est le signe fort que le vélo va bien", estime à ce sujet Jean-René Bernaudeau. Le responsable de Direct Energie en tire une leçon d'optimisme: "Les Français sont plus près des acteurs principaux. Chez nous, Romain Cardis (forfait dimanche à cause d'une fracture du scaphoïde) a le profil pour être dans le coup très vite. Nous avons la culture de cette course, un staff avec Dominique Arnould pour pièce maîtresse et un groupe qui travaille sur ces courses depuis les juniors."
"Démare passe les pavés et va vite, ce qui veut dire qu'il n'a pas besoin de lâcher les autres", se félicite Marc Madiot, le patron de l'équipe FDJ. Si le Picard semble le mieux placé pour succéder à terme à Guesdon, devenu son directeur sportif, d'autres peuvent se révéler. "Dans les cinq ans, un Français gagnera Paris-Roubaix, se risque Bernaudeau. Et d'ici deux ans, il y aura d'autres Démare".