Treize points pris en 13 journées, 7 buts marqués, 1 point d'avance sur la zone de relégation: Lille a mis mercredi un terme au fiasco Hervé Renard, qui prônait un beau football à son arrivée mais n'a pas réussi à traduire ces promesses sur le terrain.
Renard succède ainsi à Claude Makelele (remercié par Bastia après 12 journées la saison dernière) au triste palmarès du premier entraîneur de la saison de Ligue 1 à être limogé, l'Argentin Marcelo Bielsa ayant quitté Marseille de son propre chef, dès la 1re journée de championnat.L'entraîneur à la chemise et au sourire immaculés avait pourtant succédé à René Girard sur le banc lillois auréolé d'une double couronne de champion d'Afrique, et d'une étiquette d'entraîneur ambitieux. Lille avait même été prêt à payer environ 400.000 euros à la fédération ivoirienne, le montant de la clause libératoire de Renard, et avait signé avec lui un contrat de trois ans, ce qui va lui coûter cher en indemnités.
Le natif d'Aix-les-Bains, âgé de 47 ans, a en effet remporté à deux reprises la Coupe d'Afrique des Nations, d'abord avec une sélection totalement inattendue, la Zambie en 2013, puis avec la Côte d'Ivoire de Yaya Touré, Gervinho ou Wilfried Bony en 2015.
Entre temps, Renard avait rendu une première copie plutôt satisfaisante en Ligue 1. Il avait repris en octobre 2013 une équipe de Sochaux exsangue, sans parvenir à la sauver en fin de saison mais en enchaînant notamment une inespérée série de 7 matches sans défaite entre la 31 et la 37e journée, qui lui aurait permis de se maintenir en cas de succès lors de la 38e et dernière journée. Sochaux avait finalement perdu 3-0 contre Evian, qui s'était maintenu à cette occasion, mais les qualités de meneur d'hommes de cet entraîneur charismatique avaient été saluées.
Mais si, dans son communiqué de rupture, le LOSC assure avoir "sincèrement apprécié la relation avec l'homme" Renard, le club souligne aussi que leur "collaboration s'achève, de manière évidente et malheureuse sur un constat d'échec partagé."
"On s'emmerde"
Les statistiques sont terribles pour Renard, qui a d'ailleurs lui-même reconnu qu'à Lille, "depuis le début de la saison, on s'emmerde". Une animation offensive anémique (7 buts inscrits en 13 matches de championnat), des défaites à domicile contre les Nantais (0-1) puis des Marseillais alors en perdition (1-2), une qualification pénible en huitièmes de finale de la Coupe de la Ligue contre la lanterne rouge, Troyes...Relire une déclaration de Rio Mavuba expliquant, avant la défaite inaugurale contre le Paris SG que "faire du beau jeu, c'est une volonté du club et du coach" est cruel pour l'actuel 16e de Ligue 1. Même si Renard n'a pas pu recruter l'attaquant expérimenté qu'il espérait pour remplacer Nolan Roux, il disposait d'un groupe prometteur, mêlant jeunesse (Lenny Nangis, Baptiste Guillaume, Yassine Benzia...) et expérience (Vincent Enyeama, Djibril Sidibé, Mounir Obbadi, Renato Civelli...).
Mais il n'a pas su trouver la solution pour en tirer le meilleur, comme en ont témoigné ses relations compliquées avec son meneur et principal argument offensif, Sofiane Boufal. Tançant régulièrement le jeune joueur dans la presse - "ce soir on ne l'a pas vu", après la défaite contre Marseille -, il n'a sans doute pas contribué à alléger la pression pesant sur les épaules du meilleur buteur lillois (4 buts).
Friand d'apparitions médiatiques et visiblement allergique à la langue de bois, Renard avait toutefois prévenu avant le début de la saison: "On est conscient de la tâche, mais c'est un nouveau cycle, donc, il faut un peu de patience. Le problème c'est que dans le football, il y a beaucoup d'impatience..."