Fidèle à son violon joueur et ses mélodies entêtantes mais avec un brin de sophistication et une pointe de gravité en plus : Louise Attaque sort vendredi son 1er album depuis plus de 10 ans, enregistré sans son batteur historique. Le groupe se produira le 1er juillet prochain au Main Square d'Arras.
Cela faisait 10 ans que Louise Attaque n'avait plus sorti un album. Son nouvel opus "Anomalie" sort dans les bacs ce vendredi. Le groupe de Gaëtan Roussel jouera ses nouvelles compos à l'Aeronef à Lille le 22 mars puis au Main Square Festival d'Arras le 1er juillet.
Ce qui change
En trio : le quatuor qui a fait danser la France avec "J't'emmène au vent" revient en trio. Comme les ex-Téléphone, repartis sur les routes sans leur bassiste sous le nom des Insus, Louise Attaque a perdu en route son batteur historique. Les trois autres (Gaëtan Roussel au chant et guitare, Arnaud Samuel au violon et Robin Feix à la basse) reprennent l'histoire où elle s'était arrêtée, en 2007, sans s'étendre sur les raisons de cette rupture. Entre-temps, Gaëtan Roussel a sorti deux albums solo et ses deux comparses ont aussi oeuvré dans des projets parallèles, des expériences qui forcément se font sentir dans ce nouvel album.Plus pop : Louise Attaque s'était fait connaître par une musique folk-rock plutôt brute et spontanée, dans la lignée des Américains de Violent Femmes. Avec le fourmillant "A plus tard crocodile" (son troisième album paru en 2005), le groupe avait affiché son goût pour des chansons moins formatées. Avec le nouveau "Anomalie", disponible vendredi, synthés et programmations s'installent pour distiller un son plus pop que jamais. Le groupe a donné le "champ libre" à un jeune producteur, le Britannique Oliver Som, né comme Louise dans les années 90.
Plus grave : "Suis un humain sans futur/Un matériau à haut taux d'usure/J'ai pas voulu pourtant c'est ainsi/J'ai pas choisi d'être seul ici", chante Gaëtan Roussel dans "Anomalie", morceau d'ouverture au texte un brin dérangeant. Jusqu'ici connue surtout pour sa légèreté, sa plume peut désormais se teinter de gravité. La jolie ballade "L'Insouciance" se fait ainsi le reflet d'une certaine mélancolie face à "la douleur" et au "bruit" du monde: "A l'antenne aujourd'hui/J'entends que l'on meurt que l'on vit/Et l'insouciance qui nous fuit..." Louise a grandi, et nous donc", souligne Gaëtan Roussel pour expliquer le nouveau ton d'un groupe désormais composé de "quadras".
Ce qui reste
Les mélodies : la voix éraillée de son chanteur mène toujours le bal. Depuis les tout premiers tubes - "J'temmène au vent", "Léa", "Ton invitation" ou "Les nuits en parisiennes" - qui avaient assuré l'énorme succès commercial du premier album en 1997, les chansons de Louise Attaque fonctionnent le plus souvent sur la répétition des textes courts et des refrains entêtants. Un savoir-faire qui fonctionne encore parfaitement sur la plupart des nouvelles chansons, dont plusieurs devraient s'installer dans les esprits: "Avec le temps", "A l'intérieur", "La chute", "Les pétales"...Le violon : même s'il se fait cette fois un peu moins folk, le violon d'Arnaud Samuel fait aussi plus que jamais partie de l'ADN de Louise Attaque. Avec quelques évolutions, explique le violoniste, qui a moins travaillé en "contre-chant" mais davantage "par traits". Ce qui n'empêche pas quelques envolées qui rappelleront des bons souvenirs aux fans de la première heure.
L'énergie : en prenant le temps de se régénérer entre chaque disque, Louise Attaque préserve aussi des qualités essentielles à son identité: son souffle et son énergie. Même sans son batteur, il garde la cadence et les nouvelles chansons vont sans souci se mêler aux plus anciennes.
Pour sa tournée, qui débutera fin février à La Rochelle, le trio sera complété par un batteur et un claviériste. Ce périple (cinquante dates annoncées pour le moment) passera plusieurs fois par Paris (Cigale, Olympia, Zénith), par les grands festivals (Printemps de Bourges, Main Square, Francofolies, Vieilles Charrues) et par l'étranger (Suisse, Belgique, Luxembourg, Canada).