Coronavirus / Maladie de Kawasaki : des enfants touchés aux CHU de Lille et Amiens, les pédiatres rassurent

A Paris, les hôpitaux signalent plusieurs cas d'enfants présentant des symptômes proches de la maladie de Kawasaki, un syndrome vasculaire rare, suspectant un lien avec le Covid-19. Des cas ont été observés aux CHU d'Amiens et de Lille, mais les médecins sont rassurants.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Dans un message relayé au sein du corps médical, des médecins de l'hôpital Necker à Paris lancent un signal d'alerte générale : ils observent une augmentation du nombre d'enfants présentant des symptômes ressemblant à la maladie de Kawasaki, un syndrome vasculaire affectant les jeunes enfants et dont la cause reste indéterminée.

"Cette alerte à caractère épidémique est à notre avis cruciale dans une période où l'activité programmée est susceptible de reprendre et à l'heure du déconfinement", estiment les auteurs du texte.
 
Les autorités sanitaires britanniques avaient déjà tiré la sonnette d'alarme ces derniers jours. Des cas ont aussi été rapportés en Italie, en Espagne, en Suisse et ailleurs en France, a indiqué sur Franceinfo le ministre de la Santé Olivier Véran.
 

Nous sommes préoccupés du caractère épidémique des cas (...). Il nous paraît d'une importance sanitaire majeure que tous les cas soient recensés.


"Nous ne comprenons pas encore pourquoi le démarrage de cet afflux de jeunes patients est retardé par rapport à celui de la pandémie. Nous n'affirmons pas qu'il y a une causalité [avec] le Covid-19 [mais] nous sommes préoccupés du caractère épidémique des cas sur nos réanimations parisiennes de 25 au moins en 3 semaines et de 9 sur Necker ces deux derniers jours", détaillent les mécecins de l'hôpital Necker, ajoutant qu'il leur "paraît d'une importance sanitaire majeure que tous les cas soient recensés même s'ils sont douteux".
 

Le ministre prend le sujet "très au sérieux"


Alerté par les équipes médicales, le ministre de la Santé Olivier Véran explique que les malades présentent "des symptômes de fièvre, des symptômes digestifs et une inflammation vasculaire assez générale qui peut provoquer une défaillance cardiaque", mais "à ma connaissance aucun enfant heureusement n'est mort de ces complications qui sont des maladies assez rares qui peuvent s'accompagner d'une inflammation du coeur". 
 
Certains de ces enfants "en France comme en Angleterre, mais pas tous, se sont révélés porteurs du coronavirus", a ajouté Olivier Véran, évoquant une "certaine inquiétude et une certaine vigilance". "Je prends ça très très au sérieux. Nous n'avons absolument pas d'explication médicale à ce stade. Est-ce qu'il s'agit d'une réaction inflammatoire qui vient déclencher une maladie préexistante chez des enfants atteints par ce virus ou une autre maladie infectieuse ? Il y a beaucoup de questions".
 

Les enfants évoluent quasiment tous de façon favorable, même s'ils sont dans une situation réanimatoire initialement.


Sur l'ensemble des hôpitaux parisiens, cela représente "à peu près une vingtaine d'enfants", "de 2 à 18 ans", confirme Damien Bonnet, chef de service de cardiologie pédiatrique à l'hôpital Necker enfants malades. "Selon mes collègues français, il y en a d'autres ailleurs", ajoute-t-il, en soulignant toutefois que leur nombre dans l'absolu "reste limité". "La plupart ont besoin d'être aidés avec des médicaments pour soutenir le fonctionnement du coeur", détaille le professeur Bonnet. "Les enfants évoluent quasiment tous de façon favorable, même s'ils sont dans une situation réanimatoire initialement", rassure-t-il. 
 

Des cas à Amiens et Lille : "c'est une maladie qu'on soigne"


En un mois et demi, le CHU d'Amiens a accueilli trois enfants présentant les symptômes de la maladie de Kawasaki, "plus que d'habitude", admet le Pr Patrick Berquin, chef du service de neurologie pédiatrique.

L'un d'eux, une fillette de 8 ans, hospitalisée au tout début de l'épidémie et transférée à Paris, n'avait pas été testée au Covid-19. Les autres, dont un garçon de 4 ans souffrant de complications neurologiques, ont été testés négatifs.

"Il peut y avoir des faux négatifs, mais ces enfants avaient des scanners thoraciques normaux", nuance le pédiatre. Il insiste : "On a eu plusieurs cas de myocardites et de Kawasaki, mais aucun cas ayant un lien certain avec le SARS-Cov-2".
 

Maintenant, on teste les enfants dans des situations où on ne l'aurait pas fait il y a deux mois, on se méfie de davantage de symptômes. Mais il n'y a aucune preuve d'un lien avec le coronavirus, ça peut aussi être une coïncidence, personne ne le sait pour le moment.


Quelques cas similaires ont également été observés au CHU Lille. "On a eu des diagnotics sur les dix derniers jours, pas forcément positifs au Covid-19", explique le professeur François Dubos, chef des urgences pédiatriques. "Mais pas d'alerte aussi forte qu'en Ile-de-France".

Selon ce spécialiste de l'infectiologie, le phénomène n'est pas nouveau. "C'est quelque chose qu'on a à cette période de l'année, en période printanière", observe-t-il. "On a déjà eu des Kawasaki ou des "Kawasaki-like" en avril, mai, juin et juillet. Il n'y a pas de cause identifiée, c'est sans doute quelque chose de multifactoriel, avec une prédisposition du patient et un déclenchant viral. Peut-être que le virus qui circule actuellement déclenche quelque chose. Mais il y a peut-être aussi des facteurs environnementaux, liés par exemple à la pollution".

En tout cas, les services hospitaliers pédiatriques savent très bien prendre en charge les enfants manifestant ce type de symptômes. "On est sur-sollicités ces derniers jours par des parents inquiets d'enfants atteints de maladies chroniques mais on veut les rassurer", affirme le professeur Dubos. Le professeur Berquin confirme : "Le Kawasaki est une maladie qu'on connait et que l'on soigne."

La professeure Isabelle Kone Paut, responsable du réseau national de surveillance de la maladie Kawasaki, apporte une nuance sur Franceinfo : le traitement habituel "ne semble pas suffisant pour éviter l'emballement inflammatoire dans les cas signalés." Se voulant tout de même rassurante à son tour, elle rappelle que le Kawasaki et les complications graves du Covid-19 restent "très rares" chez les enfants.
 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information