Dans son discours d'après-défaite, Marine Le Pen a notamment évoqué l'avenir de son parti.
Marine Le Pen a annoncé dimanche, après sa défaite au second tour de l'élection présidentielle, qu'elle entendait "proposer d'engager une transformation profonde" du Front National, "afin de constituer une nouvelle force politique que de nombreux Français appellent de leurs voeux"."Le Front National, qui s'est engagé dans une stratégie d'alliances, doit se renouveler profondément afin d'être à la hauteur (...) des attentes des Français", a estimé la candidate FN devant ses partisans à Paris. Quasiment au même moment, le numéro 2 du parti, Florian Pilippot, indiquait sur le plateau de TF1 que le parti "va se transformer en une nouvelle force politique qui, par définition, n'aura plus le même nom".
"Je proposerai d’engager une transformation de notre mouvement afin de constituer une nouvelle force politique." #Présidentielle2017
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 7 mai 2017
Marine Le Pen a été dimanche sèchement battue par Emmanuel Macron avec moins de 35% des suffrages mais un score historique en voix pour l'extrême droite qui lui permet d'espérer se poser en acteur majeur de l'opposition. Depuis le Chalet du Lac, dans le Bois de Vincennes, Marine Le Pen a salué un "résultat historique et massif" en sa faveur.
Le parti va engager une "transformation profonde", a-t-elle aussi promis; ce sera "une nouvelle force politique", selon son lieutenant Florian Philippot. Marine Le Pen avait déjà annoncé le lancement de "Comités bleu marine" au soir des régionales perdues en 2015, mais ils sont restés sans postérité.
Verre à moitié vide ? A moitié plein ? Il y a certes des motifs de consolation pour la présidente "en congés" du FN: son record en voix du premier tour, 7,7 millions de suffrage, sera battu, alors son père Jean-Marie Le Pen en 2002 n'avait progressé que de 700.000 voix face à Jacques Chirac au deuxième tour de la présidentielle de 2002.
Elle a aussi avancé quelques pions quant à sa volonté de recomposer à son avantage la droite. Si la plupart des ténors "Les Républicains", dont son ex-adversaire François Fillon ou l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, ont sans hésité voté "Macron", elle a conclu un accord en vue des législatives de juin avec Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, qui avait obtenu 4,7% des voix au premier tour.
Depuis la présidentielle de 2012 (17,9% au 1er tour), et lors des scrutins intermédiaires, la candidate FN a capitalisé sur le difficile quinquennat de François Hollande: le terrorisme, avec 239 morts depuis janvier 2015 dans une série d'attaques jihadistes, dont la dernière fin avril sur les Champs-Elysées; la croissance en berne et un chômage fort; la déliquescence des deux grands partis de gouvernement, PS et Les Républicains.
Un "alignement des planètes" parfait et "l'occasion ou jamais" pour 2017, reconnaissaient en privé nombre de frontistes.
Candidate aux législatives ?
Mais ces mêmes voix analysaient prudemment le résultat futur de leur candidate: bon au-dessus de 40%, décevant entre 35 et 40%, problématique en-dessous de 35%, catastrophique en cas d'échec au premier tour. "Si on fait 35%, ça casse la dynamique", expliquait cette semaine à l'AFP un dirigeant du parti. Marine Le Pen, qui répétait croire en sa victoire dont étaient convaincus ses partisans, pourrait devoir affronter des doutes internes quant à sa stratégie.
Ils ne s'incarneront pas forcément en Marion Maréchal-Le Pen, la députée du Vaucluse s'interrogeant sur un arrêt de la politique. La patronne du FN "rêvait" d'un "grand débat" avec le "mondialiste assumé" Emmanuel Macron. Mais leur affrontement du mercredi 3 mai restera gravé dans les mémoires frontistes: nombre de cadres ont été déçus par la prestation "trop agressive" de leur candidate lors du débat télévisé devant 16,5 millions
de téléspectateurs.
En privé, quelques frontistes s'inquiétaient déjà de la campagne de leur championne: "Pas séquencée. Pas de temps fort, pas de temps faible", s'inquiétait l'un. "Une succession de réactions et d'improvisations sans conducteur idéologique", déplorait un autre. Pour l'historien Nicolas Lebourg, spécialiste du FN, "le jour où Marine Le Pen valide sa stratégie, c'est celui où elle est élue" présidente. Mais "le FN a réussi à dicter son logiciel identitaire à l'ensemble du champ politique", tempère le sociologue Sylvain Crépon.
Pour Marine Le Pen, cette présidentielle traduit une "recomposition politique de grande ampleur", qui se verra selon elle aux législatives. "Je serai à la tête de ce combat" électoral, a-t-elle annoncé, semblant acter une nouvelle candidature dans la circonscription d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) où elle avait échoué depeu en 2012.
Mais sans réel espoir d'imposer une cohabitation à Emmanuel Macron: Mme Le Pen pronostique depuis des mois une victoire aux législatives pour le vainqueur de la présidentielle. Certains frontistes trouvaient tout de même quelques motifs d'espoir dans le score élevé de M. Macron: "Plus Emmanuel Macron est haut et plus, paradoxalement, on a des chances aux législatives", en ce que la droite en sortirait affaiblie, selon eux.