Quasiment quatre mois jour pour jour après le drame, des dizaines de personnes ont rendu hommage, à Soissons dans l'Aisne, au docteur Jean-Jacques Razafindranazy, médecin urgentiste à Compiègne, premier soignant mort en France du Covid-19.
Son sourire et son "visage paisible" ne risquaient pas d'être oubliés par ses collègues. Ce lundi 20 juillet, les voilà publiquement immortalisés sur un mur de l'hôpital de Soissons, à travers une peinture dévoilée par le street artist C215 lors d'un hommage rendu par la famille et les proches de Jean-Jacques Razafindranazy.
Le 21 mars dernier, cet urgentiste à l'hôpital de Compiègne, que tous décrivent comme "passionné" et "très humble", est décédé de la Covid-19. Âgé de 67 ans, il est la première victime du coronavirus parmi le personnel soignant français, selon le ministre de la Santé Olivier Véran.
"Ce décès a terriblement touché la communauté hospitalière, qui a de ce fait senti l’importance de son rôle, mais aussi les risques que sous-entendait ce coronavirus, analyse Brigitte Duval, alors directrice du Centre hospitalier intercommunal Compiègne Noyon. C’est là que l’expression 'première ligne' a pris tout son sens. C’est là aussi que cette logique de médecine de guerre, par rapport à des éléments extérieurs qui n’étaient pas totalement dominés à l’époque, a pris également son sens."
"On ne pouvait pas l'arrêter"
Jean-Jacques Razafindranazy n'a jamais travaillé à Soissons, mais il y habitait avec son épouse, Dr Lydie Razafindranazy, pédiatre à l'hôpital de la ville.
"Je me remets tout doucement", confie la veuve, "très touchée" par les discours prononcés en l'honneur de son mari. "Sa disparition brutale fut un coup de tonnerre. Votre bienveillance, cet hommage et cette sympathie nous aident à surmonter cette épreuve."
Jean-Jacques Razafindranazy était retraité. De retour "en pleine forme" avec sa famille de Madagascar, son pays d'origine, il avait décidé de prêter main forte face à la crise, en assurant plusieurs gardes à Compiègne.
"Il était fatigué, se souvient son épouse. Nous-mêmes on lui avait dit : 'écoute, il faut chercher quelqu’un pour faire la garde de demain'. Mais on revenait de vacances, ce n’était pas possible... Il est parti. Et c’était la garde de trop."
Son cousin Emile Andriamanana abonde : "On ne pouvait pas l’arrêter. Peut-être qu’il se rendait compte, mais il voulait quand même le faire. Il l’a payé très cher. Peut-être qu’il ne regretterait pas, parce qu’il a rendu service aux gens. C’était sa façon de voir les choses."
L'association voudrait désormais faire construire un centre de santé, à son nom, dans son village natal.