Le gendarme de Nice Lylian Legrand accusé du meurtre et de la tentative de viol d'une étudiante à Lille en 1995 a plaidé non coupable ce lundi au premier jour de son procès devant la cour d'assises du Nord.
"Je conteste les faits de meurtre et de tentative de viol", a déclaré Lylian Legrand, 45 ans, chemise blanche, cheveux dégarnis et teint diaphane, devant la cour. Ce lundi matin, à son entrée dans le box des accusés, il n'a pas croisé le regard des parents de Stéphanie Fauviaux. Il risque perpétuité pour tentative de viol et meurtre.
Le 24 mai 1995, Stéphanie Fauviaux, étudiante de 18 ans, était découverte par la police, étranglée, vêtue d'un peignoir ouvert, dans la baignoire de l'appartement qu'elle partageait avec une amie dans le centre-ville de Lille. Confondu par son ADN 17 ans après les faits grâce aux progrès de la science, Lylian Legrand, Nordiste d'origine, est alors interpellé dans le sud où il devenu depuis adjudant à la gendarmerie de Nice. Ce proche de la victime, chez qui il se rendait régulièrement pour rendre visite à sa colocataire, livrera aux enquêteurs différentes versions.
D'abord, il affirmera avoir eu un rapport sexuel avec Stéphanie Fauviaux, mais que celle-ci, tombant accidentellement, était décédée. Paniqué, il l'avait étranglée puis volé sa carte bancaire pour simuler une agression. Mais, un mois plus tard, il abandonnera cette version, assurant désormais avoir eu un rapport sexuel avec la victime, mais qu'elle était en vie lorsqu'il l'avait quittée. D'après lui, ses premières déclarations, étaient le résultat de "pressions des enquêteurs".
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"Aucune fille qui l'a fréquenté ne fait état de violence"
"Etiez-vous un enquêteur de terrain ou derrière les bureaux ?", demande l'avocat de l'accusé Me Eric Dupond-Moretti à son client. "J'étais derrière les bureaux", affirme Legrand, laissant entendre, comme il l'avait fait lors de l'enquête, qu'il était peu au fait des méthodes d'interrogatoire. Un gendarme bien noté par sa hiérarchie, qui monte en grade jusqu’à celui d’adjudant. « J’ai été décoré pour avoir interpellé un pédophile devant Notre-Dame de Paris, alors que je me promenais avec ma femme et mes enfants. L’homme se masturbait devant une petite fille », a également souligné le gendarme-informaticien.La matinée de lundi était consacrée à la personnalité de l'accusé. Fils d'un père électricien et d'une mère au foyer, Lylian Legrand a eu "une enfance heureuse" au sein d'une famille "unie". "Passionné de gym", "bon élève", il était "un enfant assez nerveux qui savait ce qu'il voulait", selon ses parents.
Après un bac électrotechnique, il devient gendarme en 1996 et débute dans la région parisienne comme informaticien. Legrand, marié et père de deux enfants, est présenté majoritairement par son entourage comme un "bon père de famille", "attentionné", "serviable", parfois aussi comme un homme "infidèle" en amour, pouvant être "manipulateur", "taquin" avec un humour "un peu lourd" voire "graveleux". "Aucune fille qui l'a fréquenté ne fait état de violence", souligne l'enquête de personnalité.
En 2011, Lylian Legrand s'est inscrit sur un site de rencontres et connaaît alors une dizaine de partenaires sexuelles. Citée comme témoins, Sandrine, avec qui il a une relation extraconjugale affirme avoir eu à faire à un « homme gentil ». Elle a remarqué que Lylian Legrand dormait peu, souffrant d'insomnies. Le 18 octobre 2012, elle lui envoie un SMS étrange cité par l’avocat général : « As-tu déjà tué quelqu’un ? ».