Après trois jours de pagaille, la situation à Calais et à Douvres a connu jeudi une accalmie dans le dossier MyFerryLink, avec la suspension du blocage total du premier port voyageur de France, conséquence d'une reprise du dialogue entre le syndicat maritime Nord et le gouvernement.
Dans ce dossier complexe, qui a tout d'un feuilleton à rebondissements, les multiples acteurs - Eurotunnel, DFDS, Scop SeaFrance, administrateurs judiciaires, élus et gouvernement - semblent être entrés dans une phase de dialogue alors que la nature du contrat passé entre Eurotunnel et DFDS suscite interrogation et questionnement.
A Calais, sur le port, le groupe P&O s'est félicité "de la reprise totale du trafic" dans l'après-midi. "On repart avec une cadence complète, un peu plus même, avec 50 traversées contre 46 habituellement, afin de résoudre le problème de saturation", a indiqué une porte-parole de la société maritime à
l'AFP. Les deux bateaux de MyFerryLink, qui doivent être cédés à DFDS, étaient toujours à quai jeudi. Le trafic des bateaux DFDS entre Calais et
Douvres était aussi paralysé, a indiqué un porte-parole de la compagnie, qui effectue elle aussi la liaison entre les deux premiers ports voyageurs d'Europe.
"Aucun mouvement jusqu'à mardi"
Sur la route, la circulation a été une nouvelle fois difficile sur les autoroutes du littoral, avec une quarantaine de kilomètres de stockage de poids lourds."On ne fait aucun mouvement jusqu'à mardi pour respecter les discussions que M. Vidalies (secrétaire d'Etat aux Transports) remet en place avec Jacques Gounon(PDG d'Eurounnel)", a déclaré Eric Vercoutre, secrétaire du syndicat maritime Nord, lors d'un point de presse jeudi soir à Calais.
Sur le front des négociations, un peu plus tôt, le puissant syndicat avait rencontré à Paris le secrétaire d'Etat aux Transports. "On a à nouveau présenté notre projet, notre +business plan+, le fait de garder les 600 salariés, on a expliqué ce qui s'est passé pendant trois mois avec les différents acteurs économiques et régionaux, pour pouvoir continuer à naviguer avec nos pavillons français", a dit M. Vercoutre.
"Qu'ils montrent les contrats !"
Le gouvernement va multiplier les rendez-vous ces prochains jours avec les nombreux acteurs pour tenter de trouver une issue à ce lourd conflit social.Ainsi, vendredi, Alain Vidalies doit rencontrer Jacques Gounon, puis lundi M. Smedegaard, président de DFDS et mardi les élus du Pas-de-Calais. Mercredi, le syndicat maritime Nord dit devoir être reçu par M. Vidalies pour faire un point sur la situation. Enfin, jeudi matin, M. Gounon devra lui s'expliquer devant la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale.
M. Vidalies a souligné que la Scop avait pu "présenter son projet", dans un communiqué diffusé jeudi soir. "L'objectif constant du gouvernement est de parvenir à la solution la plus favorable à la pérennité de la desserte maritime et la sauvegarde de l'emploi". Le secrétaire d'Etat a également sommé Eurotunnel de dévoiler les contrats passés avec DFDS. "Alain Vidalies a rappelé sa détermination à ce que les décisions de justice soient pleinement appliquées. En effet, le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer, dans sa décision du 29 juin, a ordonné à Eurotunnel de communiquer sous 48 heures aux administrateurs de la Scop SeaFrance les contrats conclus avec DFDS. Cette décision doit être exécutée", peut-on lire dans le communiqué.
Le député socialiste de Calais Yann Capet avait également exhorté le groupe Eurotunnel de faire preuve de transparence. "Si DFDS et Eurotunnel estiment qu'ils sont dans leur droit, qu'ils montrent les contrats !", a dit M. Capet, s'étonnant également "de l'augmentation du tarif de DFDS dans le détroit". "Qu'est-ce que cela cache ?", s'est exclamé l'élu socialiste.
Interrogé par l'AFP, Eurotunnel a dit "examiner la demande". "On se prononcera le moment venu sur la suite à donner", a réagi Eurotunnel, joint par l'AFP. DFDS Seaways avait annoncé garder 202 des quelque 600 employés de la Scop SeaFrance dans son projet de reprise de deux des trois bateaux de MyFerryLink. Le troisième, employant 120 personnes, devait être conservé par Eurotunnel pour le transport de fret.