1940, la bataille de France au jour le jour : 16 mai, Maubeuge bombardée, premiers combats dans le Nord

EPISODE 8 - C'était il y a 80 ans. Les Allemands bombardaient Maubeuge et pénétraient dans le Nord, en Sambre-Avesnois, où la 101e division d'infanterie de forteresse française allait tenter de résister aux redoutables blindés du général Rommel. 

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Maubeuge, la ville garnison, ceinturée par ses forts, est bombardée par l’aviation allemande dès la fin de matinée, ce 16 mai 1940. Les civils se réfugient dans les caves et les abris, les bombes et les incendies ravagent 90% du centre historique de la ville.
 


La guerre s’apprête à faire son entrée dans le Nord, précédée par une masse de réfugiés et de militaires qui fuient les chars et avions allemands. En mai 1940, 5000 civils belges sont tués dans les bombardements ou sur les routes.
 
Près de 2 millions de civils belges, luxembourgeois et néerlandais tentèrent de gagner la France qui offrait encore l’illusion d’un refuge.
 

Extrait du film "Divide and Conquer" de Frank Capra.


Ce 16 mai, l’artilleur calaisien André Boutoille retourne lui aussi vers la France avec ce qui reste de son unité. Encore en Belgique, il se dirige vers Maubeuge en se frayant un chemin à travers les réfugiés civils qui encombrent les routes. Les avions allemands mitraillent régulièrement ces convois mêlant civils et militaires.


"Le 16 mai, quand il y a eu la débandade, ça mitraillait dans tous les coins, surtout les Stukas et les Dornier (bombardiers allemands), c’est eux qui s’amusaient avec nous", se souvient-il. "Tout le monde repartait et nous on était là sur place. L’infanterie passait et nous disait : "qu’est-ce que vous faites encore là vous autres ?!". Notre commandant avait mis les voiles et nous, on était restés bloqués là".
 

"Les Allemands arrivaient avec leurs chars, leurs avions, c’était un carnage. C’est un ancien capitaine de 14/18 qui nous a ramenés. Il nous a dit : "Moi, je vais vous ramener en France". Sur les routes, il y avait plein de réfugiés qui fuyaient vers la France, des femmes, des gosses tout le long de la route, faut l’avoir vécu… Tous ces pauvres gens qui étaient sur la route, vous savez qu’on avait l’ordre de tirer sur eux, juste au-dessus de leur tête, pour qu’ils dégagent la route et qu’on puisse passer, c’est des trucs comme ça qu’on a vus".

On est rentré à Maubeuge, le 16 mai dans la soirée. Il y avait le feu dans la ville, une caserne et un hôpital brûlaient.

André Boutoille, artilleur calaisien.


"Quand on est arrivés à Maubeuge on s’est dit : "On est sauvés, on est passés de l’autre côté"", poursuit André Boutoille. "On est rentré à Maubeuge, le 16 mai dans la soirée. Il y avait le feu dans la ville, une caserne et un hôpital brûlaient. Les avions allemands s’amusaient au-dessus de nos têtes, mais ils ne nous ont pas mitraillés, ils nous ont épargnés, là. C’est après qu’on a compris pourquoi. Nous étions à Maubeuge et les Allemands, eux, étaient déjà à Avesnes-sur-Helpe".
 

 

Rommel en Sambre-Avesnois


Ce 16 mai, le Nord va connaître ses premiers combats.  C’est à Clairfayts, en Sambre-Avesnois, que le général allemand Erwin Rommel passe la frontière.
 


Pourtant à 7h50, Rommel reçoit l’ordre de ne pas franchir la frontière protégée par des blockhaus. Le message de l’Etat-major allemand est clair : "Ne pas s’avancer au sud-est de Maubeuge, ne pas exécuter de coup de main contre les fortifications frontalières".
 

 
L’Etat-major allemand veut ménager les divisions de chars et laisser le temps à l’infanterie allemande de rattraper les Panzers trop avancés et isolés. Mais Rommel décide de désobéir. Il passe la frontière française à Clairfayts en fin d’après-midi.
 


Il y a là des blockhaus de la ligne Maginot prolongée que les chars allemands et les sapeurs du génie attaquent. Un commandant de char allemand témoigne : "La position fortifiée crache le feu. Des canons anti-chars tirent aussi et touchent le char de commandement, l’opérateur radio a la jambe arrachée. Feu nourri d’artillerie de moyen calibre de la part de l’ennemi." (cité par l'historien allemand Karl-Heinz Frieser).

Le blockhaus du Trieu-du-Chêneau, près de Clairfayts, est le premier à être attaqué. Retranchés à l’intérieur, les 12 hommes d’équipage sous les ordres du lieutenant Marconnet détruisent 2 Panzers avec leur canon anti-char.
 


Au deuxième assaut, un obus atteint le créneau du canon et le met hors d’usage et des fantassins allemands investissent le blockhaus. Le lieutenant et un soldat sont blessés dans l’assaut.
 

    
La 101e division d'infanterie de forteresse (dont les 84e et 87e régiments d'infanterie de forteresse font partie) occupe les blockhaus de la frontière autour de Clairfayts et se défend avec vigueur, mais à la nuit tombée, des fusiliers motorisés allemands détruisent les défenses françaises au lance-flamme et charges creuses.
 

 


Puis les chars de Rommel foncent vers le village voisin de Solre-le-Château où là encore, ils se heurtent à une ligne de blockhaus vers 23 heures.
 

 

 
A minuit, les Allemands entrent dans Avesnes-sur-Helpe mais les Français ne se rendent pas. La nuit sera très longue pour les soldats des deux camps...


► La suite de notre série demain avec la journée du 17 mai 1940. Vous pouvez relire les épisodes précédents dans le récapitulatif ci-dessous :
 

 

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