L'imam Hassan Iquioussen, visé par un mandat d'arrêt européen, a été arrêté vendredi 30 septembre près de Mons, en Belgique. Selon Gérald Darmanin, au terme de la procédure administrative, le prédicateur "sera mis en centre de rétention administrative" et "expulsé vers son pays d'origine", le Maroc.
L'imam Hassan Iquioussen a été arrêté près de Mons, en Belgique, a annoncé le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne, vendredi 30 septembre. Mis en cause pour des propos jugés contraires aux valeurs de la République, le prédicateur était considéré en fuite depuis le 30 août, jour de la confirmation de son expulsion du territoire français par le Conseil d'État. Depuis le 1er septembre, il était visé par un mandat d'arrêt européen délivré par la justice française.
"Je me réjouis que M. Iquioussen ait été interpelé aujourd'hui par les services belges, que je remercie très sincèrement", a réagi Gérald Darmanin, en marge de son déplacement à Cayenne en Guyane pour participer aux Assises de la sécurité. "Se soustraire à une décision d'expulsion du territoire national est un délit que le Code pénal condamne", a ajouté le ministre de l'Intérieur.
Dans un communiqué de presse, le parquet de Mons confirme vendredi que "les services de la PJF de Mons-Tournai (Division Criminalité Organisée et terrorisme) ont pu interpeller le nommé IQUIOUSSEN H", précisant que l'imam "était en fuite" en Belgique "depuis plusieurs semaines". Le parquet ajoute qu'il "a été présenté ce jour [le 30 septembre, ndlr] devant le Juge d’Instruction et placé en détention" et que "les suites d’enquête se poursuivent entre le Juge d’Instruction et les autorités françaises". Selon une source policière française, le prédicateur de Lourches (Nord) a été interpellé par la police belge "sans incident".
"Coopération judiciaire entre la justice belge et la justice française"
Selon Gérald Darmanin, "désormais il s'agit d'une coopération judiciaire entre la justice belge et la justice française. [...] On verra ce que décideront la justice belge et la justice française. À la fin de cette procédure judiciaire, il y aura une procédure administrative. M. Iquioussen sera mis en centre de rétention administrative et sera expulsé vers son pays d'origine", le Maroc. "Une place lui est d'ores et déjà réservée dans un centre de rétention administratif", a ajouté le ministre. La procédure de remise à la France de l'imam pourrait prendre plusieurs semaines si l'intéressé s'y oppose.
Ces dernières semaines, le ministre de l'Intérieur a fait de cette affaire un symbole de la lutte menée par le gouvernement contre les "discours séparatistes". Le 28 juillet, Gérald Darmanin a annoncé l'expulsion d'Hassan Iquioussen, né en France il y a 58 ans mais de nationalité marocaine, fiché S (pour sûreté de l'Etat) par la DGSI "depuis dix-huit mois", selon Beauvau. L'arrêté d'expulsion lui reproche "un discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d'une vision de l'islam contraires aux valeurs de la République".
Dans une vidéo, l'imam dit avoir "confiance en la justice"
Hassan Iquioussen a publié une vidéo sur sa chaîne YouTube le 30 septembre. Présentée comme un teaser et intitulée "Expulsion Hassan Iquioussen : L'interview vérité", elle a été tournée avant son arrestation. Dans cette vidéo, l'imam affirme que les accusations à son encontre "ne tiennent pas" et dit avoir "confiance en la justice pour qu'elle [lui] donne raison".
"Je suis Français [...] dans ma tête, dans mon cœur, dans mon esprit", souligne-t-il également, affirmant être parti à l'étranger car on lui "a demandé de quitter (son) pays". Né en France, il avait décidé à sa majorité de ne pas opter pour la nationalité française. Lui affirme y avoir renoncé à 17 ans sous l'influence de son père, et avoir ensuite tenté en vain de la recouvrer. Ses cinq enfants et ses 15 petits-enfants sont eux français et implantés dans le Nord de la France.
Une infraction non constituée selon son avocate
L'avocate de l'imam, Me Lucie Simon, conteste en particulier la validité du mandat d'arrêt le visant, estimant qu'il se fonde "sur une infraction" qui n'est, selon elle, "pas constituée". "Pourquoi le rechercher ? Pourquoi vouloir le faire revenir ?", s'était-elle interrogée début septembre.
Le prédicateur avait été éclaboussé par une première polémique en 2004, épinglé pour des propos jugés antisémites dans un discours sur la Palestine. L'intéressé avait reconnu par la suite "des propos déplacés" et présenté ses excuses. Son nom est réapparu ensuite régulièrement dans la presse et le débat public.
Le comité de soutien d'Hassan Iquioussen a, de son côté, précisé que ses conseils étaient "mobilisés afin d'obtenir sa libération", dans un communiqué publié sur sa page Facebook vendredi soir.