L'association Les Avesnoiseries, créée en 2008, ayant décidé de ne pas faire de spectacle de théâtre cette année à cause du Covid-19, organise une manifestation originale et plus souple cet été 2021 : des cinés-roulotte, en plein air. Demandez le programme !
C'est un peu un retour aux sources. Natif de Glageon, un petit village de 1700 âmes, situé juste à côté de Fourmies, dans l'Avesnois, Gabriel Lebrun a toujours voulu travailler dans le monde du spectacle. Après des études sur Lille et une coopération en Afrique, il part à Paris pour travailler la chanson, et différents univers artistiques liés au spectacle vivant.
Mais quelques années plus tard, Lille 2004, capitale européenne de la culture, va un peu jouer le rôle de "déclencheur" du retour aux sources. A cette époque, Gabriel sature un peu et semble avoir besoin de retrouver dans ses rapports humains professionnels, du naturel et de la fraîcheur.
"Je suis né dans une région méconnue, où les gens ont des superbes valeurs. Mais c'est vrai que quand on est à Lille, on va plus facilement sur la Côte d'Opale que dans l'Avesnois. C'est la première raison de ma motivation à revenir dans l'Avesnois. La deuxième est le côté amateur : sa pêche, son dynamisme sans compter les heures, loin des cachets, du fric, de l'intendance..."
300 bénévoles
Alors en 2004, à l'occasion de l'événement lillois, Gabriel monte un spectacle intitulé La kermesse avesnoise autour d'un authentique tableau de Rubens, venu du Louvre, La kermesse.
150 comédiens bénévoles participent alors à l'aventure. Excusez du peu. Les échos sont très bons et du coup, en 2008, rebelote, avec Les écumeurs du bocage, une pièce sur une bande locale de brigands du XIXe siècle. Les Avesnoiseries naissent la même année, c'est l'association qui organise ces spectacles et rassemble aujourd'hui 300 bénévoles qu'elle forme à l'écriture, au jeu d'acteur, à la création de décors ou de costumes...
Ciné-roulotte en juillet
Malheureusement, pour cause de Covid, il s'avérait compliqué et financièrement dangereux de faire un spectacle en 2021. C'est donc reporté à l'année prochaine ! Cependant, une idée originale a entretemps germé au sein de l'asso : organiser des ciné-roulotte !
Le concept est simple : écrire et tourner six courts-métrages de 12 à 15 minutes avec les habitants des villages de l'Avesnois. Cela va du fantastique à Saint-Hilaire-sur-Helpe, avec des gamins d'une école mis à l'écart, appelés "les autres", qui vont pourtant mettre leurs pouvoirs différents au service des habitants du village... A l'aventure à Avesnes-sur-Helpe, où un talisman est retrouvé dans les gravats de la collégiale en ruine, en passant par le comique à Liessies, où un moine du XVIIe siècle, assez fainéant, se retrouve -comme dans Les Visiteurs- téléporté à la fête des tracteurs de la commune... Bref, il y en a pour tous les goûts.
Vous l'avez compris, les senarii sont écrits, les repérages vont avoir lieu entre les 5 et 8 juillet, les tournages entre le 9 et le 16 juillet et la tournée en ciné-roulotte aura lieu entre le 22 et 31 juillet.
"Ce qu'on construit ensemble est fabuleux"
Alors certes, on ne verra pas les courts-métrages depuis la roulotte, l'idée étant plutôt d'arriver en ville, comme au temps de Molière, avec un spectacle itinérant ; l'arrivée des artistes étant annoncée par la roulotte qui par ailleurs accueillera ceux qui le souhaitent pour un petit tour.
Aujourd'hui, Gabriel, qui travaille en "flux tendu" sur ces tournages, ne boude pas son plaisir. "Vous savez, j'ai toujours la boule au coeur. A chaque fin de projet, ça brait comme on dit ici, ça chiale et puis on me demande vite "On redémarre quand" (sourire) Ce qui est génial c'est qu'un cadre supérieur donne la réplique à un agriculteur, une personne au RSA échange et joue avec un médecin. Ce qu'on construit ensemble est fabuleux. Il y a des générations de familles et des ados qui nous ont rejoints".
Intégrer chacun
Cette ambiance, Marie-France Lacord, 68 ans, elle l'adore. "On ne peut pas mieux", dit-elle. Aujourd'hui, elle pense déjà beaucoup au prochain spectacle de 2022. "J'ai hâte, je ne participe pas aux courts-métrages, mais j'ai hâte pour le prochain spectacle. J'aime jouer : le week-end des 2-3-4 juillet je joue une comtesse (rires) au château de Trélon. Je ne sais pas comment s'appelle la pièce (rires) mais je m'amuse".
Pascal Burlet, éducateur au Chai de Felleries, dans l'Avesnois a retrouvé Gabriel, qu'il connaissait depuis les années 1980 en 2013 après un spectacle. Il estime que le travail fait par Les Avesnoiseries est "exceptionnel". Selon lui, environ un quart des acteurs des spectacles souffrent de différents handicaps, parce qu'il y a une réelle volonté d'intégration de chacun, dans l'association. Il se souvient notamment de Damien et Estelle. "Le premier ne savait ni lire, ni écrire et souffrait d'un manque de confiance en soi important. Il a été intégré avec bienveillance, et a réussi à apprendre ses textes, avec quelques claquages de portes, mais il s'en est sorti heureux et confiant. Estelle, elle, en 2017, était arrivé cachée derrière ses cheveux qui lui tombaient sur les yeux. Je me souviens que la femme de Gabriel Lebrun lui écartait les cheveux de manière très progressive au fil des répétitions... Estelle s'est fait coupé les cheveux après la fin du spectacle !"
Un univers qui a séduit la fondation Transdev, du même nom que le groupe de transport, et qui a subventionné à hauteur de 13 000 euros le projet de ciné-roulotte. Les courts-métrages seront diffusés sur un écran de 3x2 mètres en plein air et sont gratuits. Petite restauration sur place. Pensez juste à prendre votre transat. Le programme des représentations des courts-métrages est ICI, en bas de page.