REPORTAGE. Déconfinement : à Bailleul, la ducasse fait son retour en respectant les normes sanitaires

Avec le déconfinement, les ducasses, ces fêtes foraines locales, ont pu reprendre, notamment à Bailleul, dans le Nord. Si les forains ont intégré les normes sanitaires dans leurs habitudes, les clients se font plus insouciants, heureux de retrouver leur vie d'avant.

"Attention au départ, bon voyage ! ", scande la voix enregistrée d'un des manèges de la ducasse de Bailleul. Les enfants s'élancent pour plusieurs tours. Leurs parents et grands-parents les regardent, tout sourire, profiter de ce moment de liberté après des mois de confinement.
 

Les forains sont tous masqués. Ils ont intégré les nouvelles normes sanitaires dans leurs habitudes même si "ça nous demande plus de travail", reconnaît une des commerçantes.

"Il faut qu'on désinfecte les fusées toutes les heures. A chaque tour, on dépose du désinfectant dans les mains des enfants et on porte un masque."
 


A l'entrée de chaque manège, des panneaux rappellent les gestes à adopter : distanciation sociale, une seule personne à la caisse, rappel de la nécessité de porter un masque.

Pour sensibiliser et attirer l'oeil des enfants, des personnages fictifs sont utilisés comme Kiri le clown. Il rappelle que seuls les enfants de la même famille peuvent monter dans la même fusée.

"Il fallait un événement comme une ducasse pour remonter le moral !", estime Chantal Sipprenay, dans le métier depuis son plus jeune âge.

Devant le stand des confiseries de la maison Cottigny, des adolescentes patientent pour manger une gauffre. Elles feront l'impasse sur les manèges : "C'est pour les petits !", estime Lindsey. Mais le retour de la ducasse à Bailleul leur met du baume au coeur : "Ça fait du bien, on n'attendait que ça", ajoute Maéva, son amie.


"Mamie, Mamie !", à chaque tour de manège, Anne-Françoise Pousset est interpellé par son petit-fils qui lui fait des signes. Elle est venue avec lui cette après-midi en lui faisant la surprise. "Je n'étais pas sûre que les manèges seraient ouverts, donc j'ai préféré attendre le dernier moment pour lui dire. Quand il a aperçu les manèges, il a eu le sourire jusqu'aux oreilles."

Malgré la situation sanitaire, elle n'a pas eu de crainte avant de venir. "Je prends des précautions quand je vais faire mes courses mais comme on est à l'air libre, on profite. Je n'ai pas mis de masque. Entre nous, on ne se fait pas de câlin ou de bisous", précise-t-elle quand même.

En cette après-midi, les masques se distinguent par leur absence du côté des clients. Marie-Françoise Liégeois, venue avec son mari et ses deux petits-enfants, se sent en sécurité. "D'ailleurs, on n'a pas mis de masque", remarque-t-elle, un peu étonnée d'elle-même. Elle aussi réserve le masque pour les magasins et les espaces clos.

En attendant leurs petits-enfants, ces deux dames entament naturellement la discussion et se rapprochent instinctivement. Dans ces moments de convivialité retrouvée, le respect de la distanciation sociale s'avère plus difficile à tenir.

Un accord entre les syndicats des forains et le Premier ministre

"Les différents syndicats et la fédération des forains ont mis en place un protocole sanitaire à respecter pour qu'on puisse ouvrir à nouveau", explique Frédéric Sipprenay, qui tient son manège depuis vingt ans. 

"Certains maires ne comprennent pas que nous aussi on est des commerçants, on a besoin de cette activité pour vivre", s'indigne Chantal Siprenay, un autre forain.

Cette situation inquiète Frédéric Sipprenay : "Chaque mairie a dû recevoir un courrier à ce sujet mais des collègues sont confrontés à des maires qui ne veulent pas réorganiser les ducasses annulées en prenant l'excuse du coronavirus. Malgré la possibilité de reprendre leur activité, ils n'ont toujours pas pu ouvrir et aller de l'avant."

De son côté, l'avenir s'éclaircit : "La mairie de Bailleul a été très compréhensive. Mes prochaines ducasses sont soient maintenues soient en voie de maintien. On va dans le bon sens", reconnaît-il soulagé. 
 

Ma grand-mère n'a jamais connu ça ! Même après la guerre, la situation n'était pas aussi dure pour eux.

Audrey Duriez, cogérante de la confiserie Cottigny

 


Pourtant, ces mois de confinement ont entraîné des difficultés financières réelles. "Le confinement a été long, on a les charges à payer. Pour l'instant, elles sont suspendues mais si elles ne sont pas annulées, on sera dans l'impossibilité de les payer", reconnaît-il. 

Une autre foraine explique avoir "fait avec" pendant cette période. Sa collègue a essayé de "trouver un à côté"pour gérer les fins de mois.

Pour la cogérante de la confiserie de la ducasse, Audrey Duriez, la situation est une première : "Ma grand-mère n'a jamais connu ça ! Même après la guerre, ils n'ont pas été confrontés à une situation aussi dure. En trois mois, on n'a pas eu de rentrée d'argent, ça commençait à peser."

La ducasse de Bailleul se termine ce dimanche 21 juin, mais pas pour ces forains qui, comme tous les étés, vont de ville en ville pour tenter de gagner le coeur des enfants.

 

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