Marie Cau n'a recueilli pour l'instant qu'une centaine de promesses de signatures d'élus. Insuffisant pour l'élection présidentielle de 2022. Elle regrette que tous les maires ne donnent pas leur signature à un candidat.
La démocratie est-elle plus forte lorsque un nombre important de personnes peut se présenter à l'élection présidentielle ? C'est en substance ce que pense Marie Cau, maire de Tilloy-lez-Marchiennes. Forte de sa notoriété après avoir été la première personne transgenre à être élue à la tête d'une commune, elle souhaite désormais se présenter à l'élection présidentielle de 2022. Et pour soumettre sa candidature aux Français, elle doit d'abord fournir la preuve qu'au moins 500 élus l'accompagnent dans sa démarche. Pour l'instant, elle en est loin : selon son estimation, seulement 100 édiles seraient prêts à lui apporter leur signature.
Une situation qui ne touche pas uniquement les candidats peu visibles dans les médias : Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour ou encore Marine Le Pen seraient à la recherche de ces parrainages sans savoir s'ils pourront les présenter à temps.
En 2017, seulement 34% des élus habilités ont effectivement parrainé une candidate ou un candidat. Cet abstentionnisme est "scandaleux", estime Marie Cau, qui fait partie de ceux qui en pâtissent. "Les maires doivent se prononcer. Beaucoup, notamment dans les petites communes où ils ont été élus sans étiquette, ne le font pas car ils ne veulent pas se mettre à dos leur conseil municipal", regrette-t-elle. Elle remet également en question l'utilité même de devoir présenter un nombre de signatures pour se présenter : "c'est un barrage antidémocratique". Malgré la difficulté, elle reste décidée à continuer l'aventure : "je ne suis pas quelqu'un qui baisse facilement les bras".
"Anne Hidalgo a des signatures alors que les Français n'en veulent pas"
Certains maires parrainent en fonction des consignes qu'ils ont reçus de leur parti, favorisant les candidats investis, par exemple, par le PS ou LR, qui ont un stock d'élus important sur tout le territoire. "Anne Hidalgo (PS) a des signatures alors que les Français n'en veulent pas", tacle Marie Cau, prenant appui sur de récents sondages plaçant la maire de Paris entre 4 et 5% des suffrages.
La maire de Tilloy-lez-Marchiennes a, elle, décidé de parrainer Lutte ouvrière, représenté par Nathalie Arthaud pour l'élection présidentielle. "Je ne suis pas d'accord avec leur programme mais ce sont les premiers à me l'avoir demandé", justifie-t-elle. "Les petits candidats apportent de la nouveauté", affirme Marie Cau qui déplore "une offre démocratique qui se réduit". "A cause de cette situation, certains s'abstiennent ou choisissent de passer par la rue, comme les Gilets jaunes", continue-t-elle.
Son programme à elle est disponible sur son site internet. Elle le promet ni de droite, ni de gauche : "il n'a pas d'orientation politique. Je propose des mesures simples et faisables". Exemples : les locataires HLM ayant payé leur loyer pendant vingt années deviendront automatiquement propriétaires de leur logement ou encore retrait des troupes américaines de l'Europe (tout en restant dans l'OTAN). Ces mesures prouvent aussi que Marie Cau, souvent présenté dans les médias comme "une candidate transgenre", ne peut pas être réduite à la défense de la cause LGBT. Cause qu'elle soutient, par ailleurs : "je veux porter la voix des LGBT et ne pas les priver d'un symbole".
Si, comme elle pressent, elle ne pourra pas présenter les 500 signatures, elle n'hésitera pas à s'engager dans la campagne présidentielle d'une façon ou d'une autre. Peut-être en rejoignant un candidat : "peu importe qu'il soit de droite ou de gauche mais je veux qu'il puisse faire barrage à l'extrême droite".