La maire de Lille, Martine Aubry (PS), a demandé lundi au Premier ministre, Edouard Philippe, de "confirmer définitivement" l'engagement de l'Etat "en faveur" du Canal Seine-Nord après que le gouvernement a annoncé sa volonté de faire une "pause" dans les grands projets d'infrastructures.
"Le début des travaux était attendu pour le courant de l'année 2017. Selon les données économiques afférentes, dix mille emplois seront générés par le projet Canal Seine-Nord. Les sources de développement et d'activités induits par le projet sont cruciaux pour notre région", a écrit la maire de Lille dans une lettre adressée au Premier ministre et publiée sur Twitter. C'est pourquoi, les annonces du ministre de l'Écologie, Nicolas Hulot, et de la ministre des Transports, Elisabeth Borne, "sont incompréhensibles", selon elle.
Interrogé par la presse sur les grands projets d'infrastructures de transport jeudi matin, Nicolas Hulot avait parlé de "pause" et d'analyse "au cas par cas".
Dans l'après-midi, Elisabeth Borne avait renchéri au Sénat : "Comme pour d'autres grands projets, il y a eu des promesses faites, des engagements pris sans vision
d'ensemble. (Leur addition) ne passe pas dans la trajectoire actuelle de la dépense de l'État" Le 1er juillet, le président Emmanuel Macron avait estimé lors de l'inauguration de la ligne TGV Paris-Rennes que la France devait à présent "davantage concentrer ses efforts, ses investissements sur la rénovation des réseaux existants".
Un projet irreversible ?
François Hollande "avait officiellement confirmé l'engagement de l'État en faveur" de ce chantier de 4,5 milliards d'euros le 5 avril dernier, et "avait même parlé d'un projet "irréversible"", a rappelé Mme Aubry. "L'État ne peut pas, au gré des alternances, remettre ainsi en cause sa parole et défaire tout un travail de plus de 10 ans mené par l'ensemble des acteurs dela région Hauts-de-France", a-t-elle dit.
Le canal, long de 107 kilomètres entre Compiègne (Oise) et Aubencheul-au-Bac (Nord), devrait relier la Seine au réseau fluvial de l'Europe du Nord, pour le transport de marchandises entre les pays du Bénélux et la région parisienne. Jeudi et vendredi dernier déjà, de nombreux élus des Hauts-de-France étaient intervenus dans le même sens, dont le président de la région Xavier Bertrand. De son côté, l'ancien ministre socialiste Patrick Kanner a lancé la pétition "Ne touchez pas à notre canal", qui avait été signée lundi soir par 2.156 personnes.